Le numéro vert (0 805 23 23 36) de la plateforme d'écoute Soins aux professionnels de la santé (SPS*) continue d'afficher une activité très soutenue, preuve tangible de la souffrance des soignants. Selon l'association, qui vient en aide aux professionnels de la santé et aux étudiants vulnérables, près de 7 000 appels ont été passés en 2022 sur ce numéro anonyme et gratuit – qui fonctionne 7 jours sur 7 et 24h sur 24, avec plus de cent psychologues formés – contre 6 294 appels en 2021, soit une hausse de 11 %.
Depuis 2016, date du lancement du numéro vert, près de 25 000 appels (23 579) ont été enregistrés. Plus de la moitié de ces recours ont été faits entre 2021 et 2022, en pleine pandémie, soit environ 13 000. La crise sanitaire et sociale en Guadeloupe et Martinique expliquait en grande partie cette flambée.
Trois quarts de salariés et de femmes
En 2022, les professions de santé les plus représentées parmi les appelants sont les infirmières (13 %), les aides-soignantes (12 %), les médecins (6 %) – trois métiers à l’origine de près d’un tiers des appels. On retrouve, d’autre part, 4 % de professionnels des services médico-sociaux, 4 % d’agents des services hospitaliers (ASH). Les professionnels de la santé́ ayant eu recours au numéro vert étaient en grande majorité́ salariés (76 %) et les trois quarts étaient des femmes (74 %).
Le numéro vert SPS a aussi été sollicité par 40 % d’étudiants. Mais parmi eux, 86 % ne suivaient pas un cursus médical ou paramédical. « Ces chiffres traduisent une forte hausse des jeunes appelants qui étudient hors du champ de la santé », résume SPS.
Un appel sur deux est réorienté
La moitié des appels ont fait l’objet d’une réorientation directe en 2022 : d'abord vers un psychologue en face-à-face (23 %), puis vers le médecin traitant (9 %), le psychiatre (7 %) ou les services ou structures en lien avec le travail (ressources humaines, manager, médecin du travail, instances représentatives du personnel, 5 %).
Les motifs d’appel d’ordre personnel (cause familiale, problèmes de santé) et professionnel (épuisement, conflits, démotivation) sont tous deux en hausse par rapport à 2021 : respectivement 42 % contre 37 % et 22 % contre 19 %. Autres motifs en progression : le parcours étudiant (11 %), le stress et l’anxiété liée à l’avenir (5 %).
L'Ile-de-France concentre à elle seule 30 % des appels, un chiffre en augmentation par rapport à̀ 2021 où ils n’étaient qu’un quart à provenir de la région francilienne. Viennent ensuite les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Paca et Occitanie (autour de 10 % d'appels chacune).
Harcèlement, stress et anxiété
Pour ce qui concerne spécifiquement les soignants, ces derniers ont fait appel à la plateforme d’abord pour des raisons professionnelles (42 %), ensuite pour des causes personnelles (39 %), soit plus de 80 % des motifs. Ceux qui se rapportent à des ressentis de discrimination/harcèlement, au stress et à l’anxiété liée à l’avenir ont doublé sur un an, précise SPS. Quant aux étudiants, leurs requêtes ont été motivées par des situations personnelles dans 50 % des cas, mais aussi par des problèmes liés au parcours étudiant (27 %).
Environ la moitié des appels ont été classés en grade 1 (« anxiété plus ou moins addiction », 37 %) et grade 2 (« dépression plus ou moins addiction », 18 %). Mais neuf appels ont concerné une situation de grande urgence (grade 5, « risque de passage à l’acte imminent ») – dont 7 émanant de professionnels de la santé.
*Le dispositif SPS englobe un réseau national du risque psycho-social, formé de près de 400 psychologues, généralistes et psychiatres. Ce réseau est issu d’un partenariat avec le service de santé des armées, le réseau Morphée (experts en qualité du sommeil) et les hôpitaux universitaires Paris Île-de-France Ouest (soin psychique aux soignants – Protocole Etape).
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