Pour son 8ème colloque national, organisé ce mercredi à Paris, l'association Soins aux professionnels de la santé (SPS) a salué le chemin parcouru dans l'accompagnement des blouses blanches en souffrance. Créée en novembre 2015, cette association reconnue d'intérêt général a multiplié les actions pour soutenir et orienter les professionnels de santé vulnérables et agir en prévention pour leur bien-être.
La plateforme nationale d'écoute ouverte 24h/24 où les soignants peuvent contacter des psychologues – et qui revendique 100 % de décrochés au numéro vert 0805 23 23 36 –a enregistré « plus de 20 000 appels en six ans et 15 000 depuis mars 2020 », rappelle Catherine Cornibert, directrice générale de SPS. Dans le détail, 15 % des appels proviennent de médecins, 15 % d'infirmiers et 15 % d'aides soignants mais tous les métiers sont concernés. « On reçoit des appels de tous les soignants », résume-t-elle.
SPS a par ailleurs créé 12 unités dédiées, un peu partout en France, pour soutenir les professionnels. Des journées d’ateliers dynamiques et d’échanges (JADES) autour de la prévention en santé sont aussi organisées.
Une cellule d'écoute au sein de chaque CPTS ?
Après l'ouverture de la maison des soignants à Paris en 2021, SPS ambitionne de « régionaliser » ses actions. « Tout soignant qui appelle la plateforme devrait pouvoir trouver sur son territoire un psychologue, un médecin formé, un psychiatre pour l'aider dans la journée », avance le Dr Éric Henry, généraliste et président de SPS, très impliqué sur ce dossier. L'association souhaite bâtir un partenariat avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) pour créer au sein de chaque collectif local de libéraux « une cellule d'écoute pour prendre en charge le soignant dans la journée ».
Longtemps taboue, la souffrance des soignants fait aujourd'hui l'objet d'une attention croissante des autorités de santé. Ce mercredi matin, le Dr Éric Henry a accueilli la ministre chargée des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, une première. « C'est une reconnaissance des pouvoirs publics de notre action et je m'en réjouis », indique au « Quotidien » celui qui est aussi ancien président du SML.
Agir contre les violences physiques et verbales
Face à une salle attentive, la ministre a salué l'engagement de SPS dans cette bataille contre la souffrance des soignants. « Il faut aller plus loin », a-t-elle estimé. Des travaux sont lancés dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR) « pour préserver et promouvoir la santé des professionnels mais aussi développer une image positive des métiers et restaurer leur attractivité ».
Agnès Firmin Le Bodo promet en particulier d'agir contre les violences physiques et verbales que subissent les blouses blanches. Dès janvier 2023, une nouvelle plateforme en ligne sera accessible aux libéraux pour signaler les événements sanitaires indésirables à l'observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS). Un mode de saisine directe y sera proposé aux libéraux là où seuls les utilisateurs en établissement pouvaient déclarer auparavant. « J'ai aussi mobilisé les hôpitaux, les Ordres et les forces de sécurité pour accompagner les professionnels face à ces violences », promet-elle.
Une concertation sera lancée avec les hôpitaux publics et privés, les Ordres, les ARS, la justice, la police, les syndicats et les étudiants « pour trouver des réponses aux enjeux de prévention des violences, de formation des soignants et d'accompagnement des témoins et des victimes ». « L'expérience de SPS en termes d'accompagnement psychologique et de prévention nous sera très utile », a-t-elle conclu. Une autre façon de saluer le chemin parcouru.
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