Généraliste depuis plus de 30 ans en milieu rural, je suis médecin coordonnateur dans des foyers de vie pour personnes handicapées FAM (foyer d'accueil médicalisé) et MAS (maison d'accueil spécialisée). Fin mars, un des foyers a été touché par le coronavirus : 6 cas parmi les résidents dont 2 étaient hypoxiques sat O2 à 85 %. Appel au SAMU : on nous conseille de monter le débit de l’extracteur d’oxygène dont chacun sait le peu d’efficacité en situation aiguë… Appel à l’ARS : la réponse est : « Vous passerez après les EHPAD » et on nous met dans la foulée en relation avec l’HAD (qui a fait un super travail d’accompagnement des équipes) qui nous fait parvenir des protocoles de sédation palliative…
Je suis formée aux soins palliatifs et en 30 ans j’ai pu accompagner des patients en fin de vie mais, là, la seule étiquette « handicap » justifiait un refus de soins, dans un contexte local qui n’était pas saturé ! Je suis rentrée chez moi en état de choc ; insomnie totale. Heureusement, le lendemain, le SAMU a accepté de prendre en charge le résident le plus fragile et après quelques jours en réanimation, il a retrouvé son lieu de vie.
L’ironie est que le 10 avril, nous avons reçu un énième protocole de l’ARS nous précisant bien que tout résident d’EHPAD ou en situation de handicap aurait le même accès à la réanimation que tout autre patient ! J’ai gardé les 2 documents et, quand je les relis, la même émotion me submerge. Le monde du handicap se heurte au retard de soins en permanence, c’est un scandale silencieux.
Quatre généralistes font vivre à tour de rôle un cabinet éphémère d’un village du Jura dépourvu de médecin
En direct du CMGF 2025
Un généraliste, c’est quoi ? Au CMGF, le nouveau référentiel métier redéfinit les contours de la profession
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur