À la suite d'agressions envers des confrères, les médecins de SOS à Tours ont décidé de faire grève ce mercredi pour 24 heures. Fermées depuis mardi minuit, les portes du cabinet de SOS Médecins ne rouvriront que dans la nuit de mercredi à jeudi. Toutes les consultations étaient donc suspendues aujourd’hui, une façon « d’exprimer notre ras-le-bol », explique au « Quotidien » le Dr Adam Liance, président de SOS Médecins Tours. « On ne prend pas cette décision par gaîté de cœur. On sait que des gens vont avoir du mal à accéder aux soins, mais on a besoin de temps pour réfléchir. »
Menaces
De fait, en l’espace de 24 heures, deux médecins ont été victimes d’agressions.
La première remonte au 18 avril. Une femme arrive en consultation avec trois enfants et exige que tout le monde soit pris en charge. Sauf qu’« il n'y avait que la maman sur la carte Vitale de la mère, pas les enfants. On ne pouvait pas faire la facturation correctement », explique le Dr Liance. La patiente refuse de payer une part de la consultation, le ton monte, les insultes et menaces fusent. « Vous allez nous laisser crever ! », aurait lancé la femme au médecin, avant de retirer son masque « pour cracher sur mon collègue », relate le Dr Liance. Un homme aurait ensuite « menacé de mort » le médecin « en montrant qu’il détient une arme à feu ». Le médecin agressé serait « choqué », selon le récit du président de SOS Médecins Tours.
Frustration
Rebelote le lendemain : un autre médecin du cabinet a été menacé d’un revers de gifle par une personne agacée par le retard. « Il avait cinq minutes de retard, voilà où on en est », se désole le généraliste précisant que l’individu a pris sur le bureau de son collègue la solution hydroalcoolique pour la « balancer sur son ordinateur ».
Si les violences physiques restent rares, les incivilités et violences verbales sont devenues « quotidiennes » envers les praticiens ou les secrétaires du cabinet, selon le Dr Liance. Une atmosphère électrique liée à plusieurs facteurs : « Le Covid depuis deux ans, une démographie médicale en baisse, des patients qui n’ont pas de réponse à leurs besoins immédiats… Tous les jours, les gens sont frustrés de ne pas avoir de rendez-vous tout de suite, frustrés des délais d’attente », analyse le médecin.
Des patients mieux éduqués ?
En raison de la demande croissante de soins non programmés, « la tension monte chez les gens qui n’arrivent pas à accéder aux soins », poursuit le Dr Liance. Pourtant, ce cabinet (de six médecins) réalise jusqu'à 300 consultations par jour, soit plus que « les urgences adultes et pédiatriques du CHU de Tours ». « Les gens ne comprennent pas que l’on fait le maximum, il faut faire plus d’éducation », avance le médecin qui prévoit d’afficher des messages « clairs » dans son cabinet.
Joint ce mercredi, le Dr Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins France, constate que « les agressions envers les médecins de SOS sont de plus en plus graves », symptôme d’une « société fracturée, dans un contexte de crise et de tensions sociales », mais aussi de « difficultés des citoyens pour accéder aux soins ».
Conséquence, ce n’est plus seulement l’hôpital qui fait les frais de ces tensions, « c’est aussi la médecine de ville ». Dans ce contexte, le patron de SOS dit travailler avec le ministère de l’Intérieur pour améliorer la sécurité des médecins libéraux spécialistes de l'urgence : assistance immédiate en cas de danger, dépôt de plainte facilité, etc. Mais le généraliste se dit inquiet par cette « insécurité qui gagne nos services et participe au déficit d’attractivité ».
Études de médecine générale
En ville, Neuder veut pousser les murs pour trouver des terrains de stage
« Mon cabinet Grand Est », trait d’union entre générations de médecins pour faciliter l’installation en libéral
Dr Agathe Scemama : « Je ne peux presque plus me passer de l’IA vocale »
Quand l’IA vocale assiste les médecins