L'Association pour la recherche et l'installation de médecins européens (ARIME), une agence pionnière dans le recrutement de médecins à diplôme étranger, ambitionne de faire à nouveau de la Roumanie l'un de ses principaux viviers. L'association se rendra du 7 au 13 septembre à Bucarest pour procéder à « une vaste campagne de recrutement ».
« Nous voulons en recruter au moins 150 », précise au « Quotidien » Sophie Leroy, l'une des responsables de l'ARIME – notamment des généralistes, gériatres et anesthésistes. L'association a adressé un courrier en ce sens aux quelque 4 000 praticiens de la capitale roumaine pour les inviter à une réunion d'information le 9 septembre.
Cet activisme de l'ARIME trouve en partie sa source dans les changements politiques intervenus en France. « Emmanuel Macron souhaite multiplier les maisons de santé pluridisciplinaires, il faudra bien y mettre des médecins », argumente Sophie Leroy.
Pourquoi cibler les médecins roumains ? Sophie Leroy rappelle qu'ils sont souvent francophones et disposent d'une formation de bonne qualité. Elle assure aussi que, depuis les élections législatives de décembre, « une période d'instabilité s'est installée », propice selon elle aux envies d'expatriation.
Dans ce contexte, l'ARIME, qui s'était tournée depuis plusieurs années vers les médecins d'Europe du sud, entend réinvestir la Roumanie. Avec un argumentaire bien rodé à l'attention des candidats au départ : des conditions financières avantageuses, des hôpitaux bien équipés, un système éducatif de haut niveau pour leurs enfants et des perspectives d'évolution professionnelle.
Malaise
L'Ordre roumain n'apprécie guère cette offensive. Son président, le Dr Gheorge Borcean, souhaite ironiquement « bonne chance » aux recruteurs car selon lui, la situation des médecins en Roumanie, « s'est beaucoup améliorée » ces dernières années. Le praticien cite les niveaux de revenus en hausse et les gardes désormais mieux rémunérées. Le Dr Borcean avoue « ne pas avoir une grande sympathie » pour les agences de recrutement. « Ce sont les Roumains qui financent la formation de ces médecins, sans que le pays destinataire ni l'agence ne paient pour les frais engagés », conclut-il.
Selon le conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM), 28 % des praticiens à diplôme étranger nouvellement inscrits au tableau en 2012 – soit 464 médecins – étaient originaires de Roumanie.
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