À Paris comme à la campagne, le parcours du combattant a parfois remplacé le parcours de soins, au rythme des départs non remplacés et de l'incapacité pour les généralistes en place de prendre en charge de nouveaux patients.
Si 48 millions de personnes ont déclaré un médecin traitant (généraliste dans 93 % des cas, avec 864 patients affiliés en moyenne), quelque 4 millions de personnes en sont privées.
Certes, il peut s'agir d'un choix délibéré. Mais de plus en plus souvent, la situation est subie. Localement, les initiatives se multiplient ces derniers mois, qui en disent long sur les difficultés rencontrées. À Sens, SOS bénéficie d'une dérogation pour prendre en charge des patients âgés chroniques sans médecin traitant. À Pau, des praticiens pétitionnent pour obtenir un moratoire sur les sanctions « hors parcours ». En Mayenne, des patients s'organisent en collectif. À Bergerac (lire ci-dessous), les acteurs s'activent depuis un an : consultations assurées dans des locaux de l'hôpital par des généralistes pour renouveler les ordonnances à l'été dernier, dépannage exceptionnel par les pharmaciens, ouverture d'un centre de santé municipal…
Au Collectif interassociatif sur la santé (CISS), on déplore la « double peine » pour les malades concernés. « Non seulement ils n'ont pas accès à un médecin traitant mais ils sont financièrement pénalisés pour avoir consulté hors parcours. Toutes les caisses devraient être bienveillantes ». Le manque de médecin traitant serait le premier motif de saisine du médiateur des caisses primaires. Contacté, le ministère de la Santé rappelle que la population couverte par les dispositifs d’aides à l’installation va doubler. « Plus de 12 millions de Français vivent dans des territoires qui seront concernés par les aides à l’installation des médecins. » Suffisant ?
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre