L'automne s'annonce chargé pour les syndicats de médecins libéraux, entre la concertation des parties prenantes, le budget de la Sécu et l'ouverture des négociations de la prochaine convention médicale dès octobre. Dans un contexte marqué par l'inflation, le SML et MG France ont chacun présenté leurs attentes devant la presse ce jeudi. L'un comme l'autre demandent plusieurs milliards d'euros pour la médecine de ville.
Pour le SML, la nouvelle convention devra ainsi marquer « une rupture et engager des moyens forts » pour conforter l'accès aux soins dans tous les territoires. Le syndicat chiffre à dix milliards d'euros l'enveloppe pour « transformer rapidement les conditions de l'exercice libéral, restaurer son attractivité et donner un avenir à la médecine conventionnée ».
Pour renforcer l'accès aux soins, le syndicat du Dr Philippe Vermesch réitère plusieurs de ses demandes comme la suppression des cotisations sociales pour les médecins retraités actifs, le soutien au médecin volant ou encore la création d'un statut de médecin retraité remplaçant. Pour simplifier l'installation, il suggère de créer un contrat unique pour les zones sous-dotées. Et pour redonner du temps médical, il plaide pour « la généralisation de l’assistant médical temps plein », dans tous les cabinets médicaux avec la pérennisation des aides.
Remodelage des secteurs
Parmi les autres mesures poussées par le SML, la coopération interprofessionnelle ou la généralisation des équipes de soins coordonnées autour du patient (Escap). La structure soutient aussi le service d'accès aux soins (SAS). « Il faut rendre les soins non programmés attractifs, plaide le Dr Vermesch. Les actes et consultations réalisés dans ce cadre doivent donner lieu à une majoration de 15 euros pour tous les médecins libéraux de tous secteurs, et la participation à la régulation des soins non programmés (SAS, SAMU) doit être payée 125 euros de l'heure ! »
D'ailleurs, pour restaurer l'attractivité économique de la médecine libérale – au sein de laquelle le paiement à l'acte doit représenter au moins 80 % de la rémunération – le syndicat a défini trois niveaux de consultation. Dans ce scénario, la consultation de base passerait à 50 euros, les consultations complexes et la CNPsy à 90 euros (au lieu de 46 euros, hors autres majorations) et les consultations très complexes (60 euros actuellement) seraient revalorisées à 150.
Enfin, le Dr Vermesch propose de transformer les Rosp actuelles, « dont la formule s’essouffle et pèche par un excès de complexité », en une Rosp unique de prévention pour tous les médecins, et de créer des consultations de prévention « aux âges clés de la vie ».
Déverrouiller le travail aidé
Pour sa part, MG France estime aussi que les besoins sur les soins primaires sont « tels » qu'ils se chiffrent « à plusieurs milliards d'euros ». « Les mesures adoptées et les dépenses faites doivent permettre d’organiser et non pas de désorganiser », estime la Dr Agnès Giannotti, présidente du syndicat. Je ne veux pas d'un empilement de lois délétères pour la médecine générale. La prochaine convention médicale sera celle du médecin traitant, estime même la présidente de MG France, pour qui le moment est même « charnière ». « Si la ville va à la catastrophe, tout le système s’effondre », plaide-t-on au syndicat, où une campagne de communication sur l'importance du médecin traitant s'apprête à être lancée.
Elle appelle donc à soutenir les généralistes « médecins traitants », et notamment ceux proches de la retraite (62-67 ans), par exemple en modulant les forfaits en fonction de l’âge du praticien (et des spécificités du patient). Plus globalement, MG France souhaite déverrouiller les dispositifs existants de travail aidé ou collaboratif. « On résoudrait le problème de l’accès de soins si chaque MG arrivait à passer de 1 000 à 1 200 patients médecin traitant grâce au travail avec l'assistant médical, au binôme avec infirmiers, mais aussi en travaillant avec les élus », estime la Dr Giannotti.
Le syndicat de généralistes s'est par ailleurs dit « totalement opposé » à d'éventuelles mesures contraignantes sur le lieu d'installation des médecins, qui pourraient être proposées dans le cadre d'une réflexion sur la lutte contre les déserts médicaux, ou sur la permanence des soins ambulatoire.
Créneaux vacants
Le syndicat a également fait le bilan de l'été, soulignant que les généralistes ont été « au rendez-vous ». De nombreux créneaux « mis à disposition pour les soins non programmés » n'ont pas été pris « loin de là », a cependant regretté MG France, à cause de logiques de fonctionnement « trop différentes » dans certains territoires entre ville et hôpital.
En termes de régulation, MG France appelle à une évaluation – qui doit se faire dans le cadre d'une mission de l'Igas. « Pour les soins non programmés en ville, tous les appels n’ont pas à être régulés médicalement », souligne la Dr Giannotti.
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique
« Cela correspond totalement à mes valeurs », témoigne la Dr Boizard, volontaire de Médecins solidaires
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne