Perte d'activité, aides minimalistes : les remplaçants et les jeunes généralistes fragilisés par la crise

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Publié le 06/05/2020

Crédit photo : PHANIE

Le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) s'agace de l'exclusion des remplaçants du plan d'aide déclenché par l'assurance-maladie pour soutenir les médecins accusant une perte d'activité liée à l'épidémie du Covid-19.

Dans une interview accordée au « Quotidien » la semaine dernière, Nicolas Revel, directeur général de la caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) a détaillé les modalités d'accès à cette aide dont les remplaçants sont exclus car leurs honoraires et charges sont inconnus de l'institution. Contactée de nouveau le 5 mai, l'assurance-maladie assure toujours « étudier la question »

ReAGJIR de son côté ne digère pas cette situation. « L’assurance-maladie justifie cette exclusion par le fait qu’elle n’a pas accès aux informations concernant leurs revenus et taux de charge, explique le Dr Laure Dominjon, présidente de la structure. C'est une réponse surprenante car les remplaçants s'inscrivent à l'URSSAF, aux impôts, à la CNAM et à l'Ordre quand ils commencent à exercer. Les données des différents organismes devraient permettre d'identifier tous les remplaçants libéraux. On nous a dit que ce n'était pas possible, je ne comprends pas. »

67 % des remplaçants ont au moins un remplacement annulé

Le temps presse. Les résultats préliminaires d'un sondage* lancé par le syndicat le 24 avril sur l'impact du Covid-19 sur l'activité montrent qu'elle n'est pas au beau fixe. Plus d'un tiers des remplaçants et jeunes installés ont perdu plus de 50 % de leur chiffre d'affaires en mars, ils sont deux tiers sur le mois d'avril.

« Une grande partie des remplaçants se retrouve sans revenus car, au vu de la baisse d’activité due à l’épidémie, il y a eu une annulation massive de remplacements à partir de mi-mars », ajoute le Dr Laure Dominjon. 67 % ont vu au moins 1 remplacement annulé dont la moitié portait sur des contrats signés. « Nous avons reçu plusieurs messages de détresse de jeunes médecins inquiets sur leur avenir », raconte-t-elle.

Pour dénouer le problème, le syndicat invite les remplaçants libéraux à s’identifier auprès de la CNAM, de l’URSSAF, du CNOM et à déclarer leurs revenus 2019 à l’URSSAF et aux impôts (si ce n’est pas déjà fait). À ce jour très peu d'aides leur sont accessibles. ReAGJIR conseille de se tourner vers le fonds de solidarité. La CARMF et l'Ordre ont aussi des dispositifs d'entraide entre confrères. Derniers espoirs : la banque et les assurances.

La situation est encore plus alarmante chez les remplaçants non thésés et les remplaçants ayant créé leur activité tardivement en 2019 car ils ne remplissent pas les critères pour bénéficier du fonds de solidarité national et ne cotisent ni à la CARMF, ni à l'Ordre. ReAGJIR ne veut pas rester dans une impasse. « Il faut être créatif. On pourrait imaginer que les ARS ayant signé des contrats CESP, PTMR, PTMG avec des remplaçants pourraient leur faire une avance de trésorerie s’ils le demandent ou que les conditions d'accès au fonds de solidarité soient aménagées (chiffre d’affaires mensuel proratisé, diminution du seuil de perte d’activité). »

*Résultats préliminaires d'un sondage en ligne disponible depuis le 24 avril et jusqu'au 9 mai. À ce jour, 1 300 remplaçants et jeunes installés ont participé


Source : lequotidiendumedecin.fr