Cette fois, le Rubicon est franchi. Les tractations en vue la transformation de la branche spécialiste de la CSMF en un syndicat unitaire autonome – qui ambitionne de rassembler tous les médecins spécialistes – ont abouti.
Lors de son comité directeur extraordinaire, dimanche 12 janvier, les Spé CSMF (ex-UMESPE – Union nationale des médecins spécialistes confédérés) ont enfin adopté les nouveaux statuts instituant le « syndicat de la médecine spécialisée Avenir Spé » – après le report du vote en décembre, faute de quorum.
Le Dr Patrick Gasser, à la tête de cette initiative controversée, revendique « 95,9 % » des inscrits « présents ou représentés » pour ce scrutin à bulletins secrets. Résultat sans appel : 70,7 % des suffrages exprimés sont allés en faveur d'une adoption des nouveaux statuts et 29,3 % contre. Une abstention est recensée.
Cette transformation statutaire a été qualifiée de « raz de marée » par le Dr Gasser, qui porte ce projet depuis plus d'un an. « Cela exprime la nécessité d’un renouveau du syndicalisme médical avec la volonté d’unifier, de fédérer tous les médecins spécialistes autour d’une grande représentation unique, très fréquemment et clairement exprimée par le terrain », assure le gastroentérologue nantais.
Divorce
La création et surtout l'autonomisation d'Avenir Spé marquent une étape importante dans la recomposition du paysage syndical des spécialistes. Qui ne manquera pas de faire des vagues internes. La CSMF, maison mère de l'ex-UMESPE, et d'autres verticalités attachées à la maison confédérale, n'avaient pas manqué de dénoncer le risque de division avec ce projet, soulignant au contraire la nécessité de maintenir une centrale polycatégorielle forte pour défendre les intérêts de la profession.
Sur le plan pratique, « l'UMESPE n'existe plus, elle a été transformée en Avenir Spé », indique le Dr Gasser. Et la rupture avec la CSMF semble inéluctable. « Nous sommes désormais un vrai syndicat, autonome, avec un droit de parole. Nous voulons travailler avec tout le monde, et j'espère que nous aurons beaucoup de syndicats polycatégoriels à nos côtés. Nous ne sommes pas contre la CSMF, et ce n'est pas une opposition de personnes ou de projets », temporise le Dr Gasser, qui estime toutefois qu'il ne « peut plus participer au bureau de la CSMF ».
Chacun compte ses troupes
En pratique, le spécialiste nantais a été soutenu dans sa démarche d'émancipation par plusieurs verticalités puissantes – dont le Syndicat des médecins anesthésistes-réanimateurs (SNARF). Son président, le Dr Christian-Michel Arnaud, annonce lui aussi son départ du bureau de la Conf', estimant qu'il est « difficile » de coupler cette fonction avec une participation active à un syndicat « indépendant ». « Je ne suis pas dans une logique de rupture, ni de conflit. Mais en tant que président du SNARF, j'ai décidé de me consacrer uniquement à Avenir Spé », explique le Dr Arnaud qui salue la création de ce syndicat unitaire.
Le Syndicat français de médecine physique et de réadaptation (SYFMER) a également soutenu la création d’Avenir Spé qui devra « promouvoir sans contrainte le rôle expert des spécialités dans le système de santé et défendre librement la revalorisation de l’activité clinique spécialisée, tout comme celle des activités techniques d’exploration, d’évaluation et de traitement ».
À l’inverse, le Dr Franck Devulder, président du Syndicat des médecins spécialistes de l'appareil digestif (SYNMAD), réaffirme son plein attachement à la maison CSMF. « Les 70 % des voix (pour les nouveaux statuts) ne reflètent pas la majorité des spécialités, puisqu'en réalité seules neuf d'entre elles ont porté le projet lors du vote, dont certaines avec de gros contingents comme les radiologues ou les anesthésistes-réanimateurs. Les autres verticalités ont confirmé leur attachement à la CSMF », recadre-t-il.
Face à ce qui ressemble de plus en plus à une scission, le président de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz, devrait faire des annonces de refondation syndicale mercredi matin, lors de ses vœux à la presse.
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