Dans quelques années, Paris comptera moins d’un millier de généralistes en secteur 1, soit environ un tiers de moins qu’aujourd’hui, s’inquiète la mairie de Paris.
La vague de départs, déjà soulignée par l’Ordre des médecins (encadré) s’accélère, et gagne aussi les spécialistes libéraux. Trois pédiatres sur dix et quatre gynécologues sur dix cesseront leur activité dans Paris d’ici à à 2019, selon une étude de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France publiée en janvier. Quatre sondés sur cinq confient n’avoir pas trouvé de successeur. Les écarts de densité médicale entre arrondissements, déjà marqués, risquent donc de s’accentuer. Et à l’exception du 8e arrondissement, qui fait figure d’îlot préservé, une chute des effectifs se profile partout.
Renforcer les centres et maisons de santé
La question de l’accès aux soins à tarifs opposables dans la capitale est donc posée pour les élus.
« On ne peut laisser Paris avec une offre de soins totalement déstructurée », analyse le Dr Bernard Jomier, généraliste dans le 19e arrondissement et adjoint à la Santé de la maire de Paris.
L’équipe d’Anne Hidalgo prépare un plan pour attirer de nouvelles recrues. Premier volet, le renforcement des centres de santé municipaux et associatifs. La mairie étudie la possibilité que des médecins non salariés viennent y exercer.
Deuxième levier, le soutien aux maisons de santé pluridisciplinaires. Quatre à six projets seraient dans les tuyaux. La subvention accordée par la ville - en moyenne 250 000 à 300 000 euros - aide les professionnels à trouver un local, et à acheter des équipements.
Une aide divisant par deux les charges foncières
Le troisième axe, une promesse électorale d’Anne Hidalgo, innove davantage. La mairie de Paris souhaite mettre à disposition des locaux à loyer modéré (environ 15 euros par mois le m2). Les généralistes et spécialistes de premier recours, pour y prétendre, devront être en secteur 1 et exercer en groupe. Liés par convention avec la ville, ils s’engageront à participer à la permanence des soins et à des actions de dépistage et de prévention.
Un guichet unique permettra d’accéder aux différentes aides (le budget est confidentiel à ce stade). Le dispositif, en cours d’élaboration avec l’Ordre de Paris, l’assurance-maladie, l’ARS et les syndicats sera adopté cet automne. « Il n’y a pas d’idéologie, il y a un grand pragmatisme », assure le Dr Jomier, élu Vert depuis 2001.
L’objectif : favoriser l’installation d’une centaine de généralistes par an, pendant cinq ans. Avec, dans leur sillage, des orthophonistes, des ophtalmos... « Les départements de médecine générale auront un rôle à jouer pour faire connaître ce guichet unique auprès des jeunes », anticipe le Dr Jomier.
D’autres projets compléteront la politique de santé de la mairie de Paris : un plan de santé environnemental, des états généraux de la PMI (en 2015), des assises de la santé (en 2016). Anne Hidalgo préside en outre l’AP-HP. Elle compte suivre personnellement les dossiers hospitaliers.
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