SAUF COUP DE THÉÂTRE et recours juridique, les élections aux unions régionales des professionnels de santé (URPS) se dérouleront le 29 septembre. Les règles de ces élections ont été fixées par décret et arrêtés du ministère de la Santé (Le Quotidien des 2 et 7 juin). Le calendrier est des plus serrés. Les syndicats de médecins doivent boucler leurs listes avant le 13 juillet. Il leur restera alors un peu plus de deux mois pour mener campagne et tenter de convaincre les électeurs des trois collèges, puisque telle est désormais la règle : les médecins généralistes, les praticiens des spécialités cliniques et les spécialistes de plateaux techniques lourds (chirurgiens, anesthésistes-réanimateurs et gynécologues-obstétriciens). L’audience respective des syndicats sera une des clés de la reconfiguration syndicale et politique, attendue en fin d’année (enquête de représentativité et négociation d’une nouvelle convention médicale).
La campagne présente une particularité. Elle se déroule en période estivale dans des conditions peu propices à la tenue d’un grand débat électoral. « Le choix de cette date n’est pas anodin, affirme le Dr Michel Chassang, président de la CSMF. Le gouvernement voulait une campagne électorale la plus courte possible et pas trop virulente ». Difficile d’organiser des soirées électorales en plein cœur des mois de juillet et août. Pour autant, les syndicats ne devraient pas prendre beaucoup de repos cet été. « Heureusement, tous les médecins ne sont pas en vacances en juillet et août, poursuit Michel Chassang. Nous avons prévu un programme. Les représentants du bureau national iront à la rencontre des médecins en région ». La Conf’ a mis en place, comme tous ses concurrents une « cellule de campagne ».
Campagne courte.
La plupart des syndicats se sont lancés, plus ou moins discrètement, dans la course aux voix. « Depuis février, nous avons organisé plus de 70 réunions d’informations auprès de nos confrères, clame le Dr Roger Rua, secrétaire général du SML. Plutôt que des grandes affiches, nous avons opté pour une campagne de terrain. Nous avons organisé des rencontres dans les cliniques et nous sommes surpris de l’affluence même si beaucoup de praticiens ne sont pas au courant des modalités de ces élections, de la création des URPS ou de l’existence des trois collèges ».
Les syndicats vont au contact des médecins qui, dans un contexte professionnel difficile, ont beaucoup de choses à dire. « Nous écoutons davantage que nous ne présentons notre programme électoral », indique Roger Rua. Les thèmes qui reviennent ? La retraite, la permanence des soins, les difficultés de l’exercice chirurgical, les honoraires, le « harcèlement » La FMF a choisi de ne pas organiser de grand-messe pour faire passer ses messages mais des rencontres en petit comité. « Les conditions de campagne ne sont pas optimales, reconnaît le Dr Jean-Claude Régi. Avec l’été, mobiliser les gens va être particulièrement dur. Nous organisons beaucoup de réunions dans les établissements. Nous redémarrerons en septembre sur les chapeaux de roue ». De l’avis général, tout se jouera au sprint dans la deuxième quinzaine de septembre.
MG-France, qui présentera samedi sa stratégie (et ses thèmes favoris) pour ces élections, a réalisé « un travail de fond depuis plus d’un an avec des réunions en région, selon son chef de campagne, le Dr Pascal Menguy. « Nous n’allons pas refaire le monde en un mois ou deux ni aller serrer des mains dans toutes les régions de la France, ajoute-t-il. Les médecins qui vont voter connaissent le travail de chacun sur le terrain et ils voteront en fonction de l’image qu’ils se font des syndicats ! ». Pour le Dr Menguy, « les actions en cours (les recours en justice pour la reconnaissance du CS pour les spécialistes de médecine générale ou les journées de fermeture de cabinet) font partie de la campagne ».
Quel sera l’impact sur l’électorat de cette campagne forcément courte ? En 2006, moins d’un médecin sur deux a voté aux URML. Un des enjeux pour les syndicats sera de mobiliser ces praticiens récalcitrants, collège par collège. À en entendre certains, il y a du boulot. « Il n’y a pas d’engouement spectaculaire, confie un syndicaliste. Une majorité de médecins se fiche de ces élections ».
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