COMME CHAQUE ANNÉE, l’Ordre profite de son Atlas démographique pour se pencher spécifiquement sur la population des médecins étrangers en activité en France. Celle-ci continue de croître : au cours des trois dernières années, le nombre de médecins de nationalités européennes et extra-européennes inscrits au tableau de l’Ordre (1) – 10 165 précisément au début de 2010 – a augmenté de 20 %. En proportion également, ces médecins étrangers progressent : de 3,5 % de l’ensemble des praticiens enregistrés par l’Ordre en 2007, ils passent à 4,7 % cette année. « Au moment où l’on observe un accroissement de 24 % en un an du nombre des départs en retraite, le renfort apporté dans l’offre de soins par ces 10 000 médecins est à souligner », insiste l’Ordre.
Nouveauté en 2010, ce sont désormais les médecins roumains (15,4 % des effectifs, un tiers des nouveaux médecins étrangers enregistrés au 1er janvier) qui sont les plus nombreux. Ceci marque, d’un cheveu, la fin d’une « suprématie » belge (15,1 % du total) observée par l’Ordre depuis 2007. Plus globalement, plus d’un médecin étranger sur deux est originaire d’un pays de l’Europe occidentale. Le Maghreb marque le pas : les médecins qui en étaient originaires représentaient plus de 45 % des nouveaux praticiens étrangers inscrits à l’Ordre il y a dix ans, ils réunissent 12 % seulement des tout derniers enregistrés.
Une féminisation fulgurante.
De nouveau, les statisticiens ordinaux remarquent que, s’ils sont une force d’appoint non négligeable, les médecins étrangers ne pallient pas tous les problèmes que pose la démographie médicale en France. Parce que, à de multiples égards, ces médecins ont des comportements proches de ceux de leurs confrères français. Que l’on parle de choix d’activité – les deux tiers des médecins étrangers choisissent le salariat, 28,8 % seulement optent pour le libéral – ou de lieu d’installation – ils « affichent une nette préférence pour les régions à haute densité médicale », note l’Ordre. Sur ce point, la région Île-de-France concentre par exemple un tiers des médecins spécialistes étrangers ; à l’inverse, 59 % des départements français ne sont pas attractifs pour l’ensemble des praticiens de nationalité étrangère, généralistes et spécialistes.
Quant au profil de ces 10 000 médecins, il tend lui aussi à ressembler à celui issu des facultés françaises : si les praticiens étrangers restent un peu plus jeunes (46,7 ans) que leurs confrères de nationalité française (50 ans), leur corps se féminise (59 % des effectifs sont des femmes, soit 3 points de plus que chez les médecins français). La progression est fulgurante : « Entre le 1er janvier 2006 et le 31 décembre 2007, les effectifs des femmes ont augmenté de 236,2 % », écrit l’Ordre qui explique cette explosion « par l’arrivée des médecins roumains ». Un gros contingent dont la majorité est « constituée de femmes ».
(1) Certains praticiens à diplôme extra-communautaire (PADHUE, qui peuvent être de nationalité française) ne sont pas pris en compte par ces statistiques.
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