DANS SON DERNIER « Atlas annuel de la démographie médicale » (« le Quotidien » du 9 septembre), le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a, comme il l’avait fait l’an dernier, étudié de près le nombre de médecins étrangers exerçant en France. Il en a répertorié 10 000, parmi lesquels les plus nombreux sont les Belges (16 % du total), suivis par les Roumains (12 %), les Allemands (10,9 %), les Algériens (10,25 %), les Italiens (8,3 %) et les Marocains (7,7 %).
Si certains experts ont pu considérer que la venue de ces praticiens pallierait les faiblesses de la densité médicale, les statistiques de l’Ordre tendent à démontrer… qu’ils se sont trompé. Car les médecins étrangers sont 51,3 % à avoir choisi l’exercice salarié, 19,2 % d’entre eux font des remplacements, et seulement 23 % se sont installés en libéral. « On nous a dit que les médecins européens et extra-européens allaient combler le vide de la densité médicale, mais ils choisissent le salariat, à l'hôpital notamment, ou bien ils s’installent en centre-ville », regrette le Dr Michel Legmann, le président du CNOM, qui précise également que la situation est encore plus caricaturale s’agissant des médecins roumains.
Ceux-ci sont en effet 1 160 à exercer sur le territoire français. Mais si un tiers d’entre eux (312) exerce la médecine générale, ils sont près de 90 % à avoir opté pour l’exercice salarié. L’Ordre précise également que ceux des médecins roumains qui ont choisi malgré tout le libéral exerceraient majoritairement en Ile-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’est-à-dire les régions déjà les mieux dotées en offre de soins libérale. Pour l’Ordre, ces médecins étrangers, et plus spécialement les médecins roumains, « cible privilégiée des agences de recrutement de médecins à diplôme européen », n'apportent donc « pas de solution au problème des régions sous-dotées ». « Un médecin roumain gagne en moyenne 400 euros par mois. S'il vient en France, il multiplie par dix sa rémunération, voilà l'explication », conclut Michel Legmann.
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