L'expérimentation d'une rémunération forfaitaire des équipes dans une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) bouscule les manières de travailler. C’est ce que révèle une enquête menée par l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) auprès de cinq MSP testant depuis 2019 l’incitation à une prise en charge partagée (Ipep) et le paiement en équipe de professionnels de santé en ville (Peps), dans le cadre des expérimentations dites de type « article 51 ». Ainsi, il apparaît que les crédits obtenus pour l’expérimentation Ipep sont utilisés pour salarier une infirmière, rémunérer des professionnels pour des actes non pris en charge par l’Assurance-maladie, payer des formations ou acheter du matériel médical. Ils servent en revanche peu à développer des actions spécifiques de coordination entre la ville et l’hôpital. L’expérimentation Peps n’a pas toujours été une partie de plaisir. Au final, seules trois des 16 MSP qui s’étaient engagées dans l’expérimentation l‘ont poursuivie jusqu’au bout. Certains professionnels ont jeté l’éponge à cause des difficultés pour établir une clé de répartition du forfait entre eux ou du fait de la lourdeur du processus.
Mais globalement les nouveaux modes de rémunérations collectifs ont permis le développement de certaines tâches dans le champ de la prévention (rappel de vaccination, prévention à l’école, ateliers collectifs…) et pour accompagner le patient (aide administrative, prise de rendez-vous, suivi par téléphone ou à domicile…). « Néanmoins, il faut relativiser le rôle des expérimentations, tempère l’Irdes. Si elles peuvent contribuer, voire impulser ces mouvements, elles permettent en général plus modestement de financer des organisations déjà pensées et souvent mises en place antérieurement. »
L’expérimentation de ces nouveaux forfaits a en revanche entraîné une redéfinition des frontières professionnelles et une nouvelle division du travail au sein des maisons de santé. Alors que les professions paramédicales et salariées assument certaines missions de santé publique, les médecins généralistes, même s’ils sont « les premiers acteurs à porter les projets », se recentrent sur le « curatif » pour répondre à une demande de soins croissante. « Un tel recentrage affecte leur positionnement et le contrôle qu’ils exercent habituellement sur les parcours de soins », analyse l’Irdes.
L’enquête fait aussi apparaître la présence croissante au sein des MSP de nouveaux métiers salariés, majoritairement exercés par des femmes, qui ne sont pas consacrés aux soins : coordinatrices administratives, médiatrices en santé, accueillantes, secrétaires médicales.
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