Jusqu’au vote de la loi du 7 août 2015 sur la nouvelle organisation territoriale, les régions françaises ne disposaient pas de prérogatives spécifiques en matière de santé, même si ces collectivités territoriales ne se privaient pas d’apporter leur pierre à la lutte contre les déserts médicaux (au titre de leur compétence territoriale).
En Ile-de-France par exemple, la région s’est illustrée en proposant des bourses à des carabins en échange d’un engagement à exercer dans une zone déficitaire. En PACA, le conseil régional et l’État collaborent depuis 2011 pour créer des maisons régionales de santé, avec un budget conséquent de 2,7 millions d’euros. Mais dans la plupart des cas, les élus régionaux ne manifestaient pas beaucoup d’intérêt pour la politique de santé, pilotée par l’État et son bras armé, l’agence régionale de santé (ARS).
Télémédecine, spécialistes, équipements...
La donne a changé. La réforme territoriale attribue des pouvoirs élargis aux régions, y compris dans le domaine sanitaire. Désormais, le conseil régional a compétence « pour promouvoir le développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique de la région ». Il doit agir en matière d’aménagement et d’égalité de ses territoires.
Dans ce contexte, les candidats aux élections 2015 se sont emparés davantage de la thématique santé.
En Bourgogne/Franche-Comté par exemple, François Sauvadet, tête de liste UDI-Les Républicains, promet non seulement de financer des maisons de santé mais aussi de soutenir tous les médecins qui s’installeront en zone fragile ou encore de doper la télémédecine. Dans cette même région, Marie-Guite Dufay (PS) veut elle aussi soutenir les structures pluridisciplinaires, accompagner les projets recherche. Au MoDem, Christophe Grudler prévient qu’il ne laissera pas l’ARS « faire ce qu’elle veut ». Avec sa liste, il promet de pallier le manque de spécialistes (en favorisant l’exercice multisite), d’inciter les jeunes médecins à s’installer dans les zones déficitaires... Pas en reste, Julien Gonzales (Écologistes indépendants) entend favoriser l’installation de thérapeutes en médecine alternative, et même de développer une filière régionale de production et commercialisation de plantes médicinales !
Lutte contre les addictions
En Nord-Pas-de-Calais/Picardie, Xavier Bertrand recycle au niveau régional des initiatives prises en tant que ministre : bourses aux étudiants, aides à l’acquisition de matériel et d’équipements lourds. Son rival socialiste ne veut plus aucun habitant à plus de 30 minutes du généraliste ou à plus de 40 minutes du spécialiste. Quant à Marine Le Pen (FN), elle met en avant la prévention, la lutte contre la désertification, la création de centres de santé publics et privés et le développement de la téléconsultation.
En Bretagne aussi, les promesses « santé » vont bon train. Marc Le Fur, tête de liste LR s’engage à lutter contre les conduites addictives et fera de la Bretagne une région leader en matière de prévention des cancers. Son rival Christian Troadec (divers gauche) veut permettre à tous les Bretons d’accéder à une offre de soins à 20 minutes maximum de leur domicile.
En Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol, président PS sortant de Haute-Normandie, veut instaurer un « Pass Région Santé » pour aider les jeunes à se protéger des MST et des grossesses non désirées. Il entend favoriser le développement des formations médicales et paramédicales. Quant à Hervé Morin (UDI), il fait de la télémédecine une priorité de son mandat. L’ancien ministre de la Défense veut aussi contractualiser avec des étudiants en médecine pour les attirer sur le territoire régional.
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