Le travail aidé marque des points dans la filière visuelle

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Publié le 19/02/2021
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L'exercice en équipe a bondi ces dernières années chez les ophtalmologistes, à tel point qu'il fait quasiment l'unanimité au sein de la jeune génération. Orthoptistes, infirmiers, assistants… : les auxiliaires se diversifient et permettent de réduire les délais d'attente.

Crédit photo : PHANIE

À l’instar d'autres spécialités techniques (stomatologie, chirurgie), l'ophtalmologie est devenue une discipline où le travail en équipe devient la règle et l'exercice en solo l'exception. Cette coopération pluripro a marqué de très nombreux points dans le secteur libéral, comme le démontre la dernière étude* du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF).

Alors qu'en 2010, les ophtalmos n'étaient que 20 % à exercer en « travail aidé », ils sont désormais 71 % ! Chez les spécialistes de moins de 50 ans, cette proportion grimpe à 86 % et dans les cabinets de groupe de plus de trois médecins, elle frôle les 90 %. Cette coopération est, dans près de deux tiers des cas, réalisée avec un orthoptiste qui est soit salarié (situation la plus fréquente), soit libéral. Autre preuve de l'implantation du travail aidé au sein de la spécialité, dans la moitié des cas, plus de deux orthoptistes sont présents dans la structure.  

Cette profession paramédicale, spécialisée dans les actes d'exploration, de rééducation et de réadaptation de la vision, n'est pas la seule à se faire une place dans les cabinets d'ophtalmologie. L'aide apportée par les infirmiers fait également recette : 23 % des ophtalmos libéraux interrogés par le SNOF déclarent travailler avec l'un d'eux. En secteur II, ils sont même 29 % dans cette situation.

Enfin, les opticiens salariés et les assistants médicaux – déployés depuis 2019 –viennent renforcer les rangs : 12 % des médecins interrogés indiquent travailler avec les premiers et 11 % avec les seconds (contre seulement 2 % en 2019). Dans la majorité des cas, l'assistant médical ou l'opticien travaille de concert avec un orthoptiste dans le cabinet où il est employé.

Pionniers et préfigurateurs

« Les ophtalmologistes travaillent de plus en plus avec différents types d'aides, c’est-à-dire en équipe pluriprofessionnelle, notamment dans les grands cabinets de groupe de trois ou quatre ophtalmologistes, confirme le Dr Thierry Bour, président du SNOF. Cette évolution préfigure ce qui va se produire dans d'autres spécialités. »

L'avantage d'une équipe pluripro élargie est l'optimisation de la répartition des tâches, chacun ayant des missions complémentaires. « Les orthoptistes réalisent les bilans visuels – déséquilibres oculomoteurs, tonus oculaire, certaines rétinographies – et les opticiens peuvent faire la réfraction et aider à l'adaptation des lentilles, détaille le Dr Bour. Pour les infirmières, c'est plus large, il peut s'agir d'interroger le patient, de l'installer mais aussi de prélever des sécrétions lacrymales et de dépister les troubles neurosensoriels. Enfin, le rôle de l'assistant médical dépendra de sa formation initiale. Dans un cabinet où il y a déjà un orthoptiste et une infirmière, cela pourra être un profil aide-soignant chargé de l'accompagnement du patient, des explications et de l'administratif par exemple. »

À la clé de cette coopération à géométrie variable, un gain de temps médical et un bénéfice sur l'accès aux soins visuels : selon le SNOF, le délai d'attente moyen pour obtenir un rendez-vous (tous motifs) est tombé à 51 jours (contre 80 en 2018), certes disparate selon les départements. Le délai médian, quel que soit le motif, serait passé de 52 à 33 jours. Le SNOF s'est fixé l'objectif « zéro délai en 2022 » pour montrer que l'attente interminable en ophtalmologie n'est pas une fatalité et appeler les candidats à la présidentielle à s'engager sur la question. 

* Données recueillies du 1er janvier au 7 octobre 2020 auprès de 1 517 participants.

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin