Depuis mercredi, les Drs Jean-Paul Hamon et Éric May se livrent à une passe d'armes inédite sur l'avenir des centres de santé. Les deux médecins ont pourtant quelques points communs : tous deux sont présidents de syndicats, généralistes et installés dans les Hauts-de-Seine. Léger souci : le premier est libéral, l'autre salarié.
Président de la FMF, le Dr Hamon a tiré le premier, mercredi dernier, dans une tribune publiée dans « lemonde.fr » pour manifester son opposition à la conférence nationale de santé. Au détour d'une phrase relative à la nécessaire réforme du système de soins, le médecin suggérait tout simplement de « supprimer » les centres de santé.
« Il faut avoir l’ambition de combler le déficit et réorganiser complètement le système de santé, écrit le Dr Hamon. […] Il faut supprimer les centres de santé qui ne servent à rien sinon à surveiller des patients maintes fois surveillés, supprimer les boutiques santé, et autre coaching santé. » (*)
Ferme condamnation des médecins des centres
Cinglante, la réponse du Dr Éric May, patron de l'Union syndicale des médecins de centres de santé n'a pas tardé.
« Non à la division et au mépris. Non à l’aggravation des inégalités sociales de santé. Non aux dépassements tarifaires. Non à la marchandisation de la médecine de ville », répond-il dans un communiqué de presse, condamnant l'appel du Dr Hamon à fermer les centres de santé.
En miroir, le généraliste du centre municipal de Malakoff (Hauts-de-Seine) assène : « Oui à l’accès aux soins pour tous. Oui à une couverture maladie solidaire élargie. Oui à la possibilité pour les jeunes générations d’exercer en équipe pluriprofessionnelle. Oui à un financement enfin pérenne des centres de santé. Oui au virage ambulatoire et au développement des soins de premier recours. »
(*) Après la publication de cet article, le Dr Jean-Paul Hamon a tenu à préciser au « Quotidien » la teneur de ses propos. « Je demande la fermeture des centres de prévention de la Sécurité sociale, qui de mon point de vue ne servent à rien et surveillent des patients déjà très surveillés, mais absolument pas celle des centres de santé municipaux auxquels je ne fais aucun reproche. Je m'exprimais dans le cadre de la réaffectation des moyens de la Sécurité sociale que j'estime nécessaire. »
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique