Par le biais de trois questionnaires* (souffrance psychique, prévention personnelle par le calendrier vaccinal, dépistage), l’URPS médecins pose un diagnostic édifiant sur la santé des praticiens libéraux, invitant chaque médecin à « un regain de vigilance ».
« L’objectif de départ n’était pas de faire une énième étude sur le burn out des praticiens, souligne le Dr Michel Virte, ORL, responsable de la commission santé du médecin à l’URPS de Lorraine. Notre approche a été axée sur le médecin en tant qu’être humain qui souvent néglige sa propre santé et ne s’applique pas les recommandations qu’il fait à ses patients ».
De fait, l’étude confirme l’existence d’une souffrance morale, minoritaire mais réelle (touchant 15 % à 20 % des médecins), et qui mérite d’être (mieux ?) surveillée. « Si les cordonniers sont les plus mal chaussés, la profession médicale n’est pas obligatoirement la mieux soignée », lit-on dans l’enquête lorraine qui invite chaque médecin libéral à l’auto-évaluation.
Sur une période d’une semaine, 10 à 15 % des praticiens interrogés déclarent éprouver en permanence ou fréquemment un sentiment de déprime, la même proportion ne parvient pas à sortir de ce « cafard » (même avec l’aide de la famille et des amis) et une part similaire déclare avoir du mal à se concentrer (tout le temps ou assez souvent). Pour 15 % des médecins, toute action demande un effort, 17 % pensent que leur métier n’a plus de sens, 17 % voient leur sommeil fréquemment impacté...
La même enquête semble montrer des fragilités ou des interrogations en matière de vaccination : si 87 % des médecins libéraux se déclarent à jour de leurs vaccins, 8 % ne sont pas certains de leur propre suivi vaccinal et 3 % ne sont « absolument pas à jour », selon l’étude. « C’est une piqûre de rappel », commente le Dr Virte.
Quant aux résultats déclarés sur la prévention et dépistage (cancers, risques cardiovasculaires, troubles métaboliques), ils sont similaires à ceux de la population générale. « Ne devriez-vous pas montrer l’exemple ? », suggère l’URPS aux médecins.
Secours
Sans dramatiser ni se substituer à la médecine du travail, l’URPS entend tirer les enseignements de ces résultats. À l’initiative des structures ordinales et des Unions de Lorraine et d’Alsace, une association régionale d’entraide Nord Est (ARENE) devrait proposer d’ici à juillet une plateforme de recours anonyme sous la forme d’un numéro unique. Les praticiens en souffrance seront accompagnés et orientés vers une « prise en charge délocalisée, notamment dans le cadre de problèmes psychosociaux », précise le Dr Virte.
La demande est forte. Dans trois quarts des cas les praticiens libéraux sont leur propre médecin traitant. Or, plus de 70 % des sondés admettent qu’ils ne sont pas les plus compétents pour se soigner eux-mêmes et qu’un accompagnement médical extérieur pourrait leur être utile.
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