Depuis quelques jours, certains patients nous expliquent que le prix de la consultation des généralistes a été modifié. Elle passerait de 23 à 25 euros.
Très surpris par ces propos, je reste un peu sur ma faim, car aucune consigne syndicale précise, aucune directive provenant du ministère de la Santé ne confirme ces affirmations.
À la lumière de ce fait relaté par les usagers de soins, nous pouvons nous pencher sur la problématique de la pratique de la médecine en milieu libéral.
Depuis de nombreuses années, nous remarquons une désaffection importante des jeunes générations de médecins vis-à-vis de ce type d’exercice.
La revalorisation d’une partie de ces libéraux va-t-elle permettre de susciter de nouvelles vocations ?
En fait, notre ministre a tenté maintes fois d’attirer les jeunes praticiens vers le secteur rural et les zones urbaines dépourvues de praticiens en promettant des bourses, mais aussi un salaire minimum pour qu’ils s’installent dans ces zones sous-dotées.
Malheureusement ces propositions ont été reçues avec un succès très relatif ; élément nous incitant à réfléchir sur les raisons sur ce manque d’attractivité.
Nombreux sont les praticiens qui dévissent leur plaque ou changent d’orientation car :
- Le poids des tâches administratives devient de plus en plus lourd.
- Ils sont harcelés sans cesse par les caisses pour permettre de coller à des objectifs (génériques, IJ…), et reçoivent souvent des lettres ou des convocations blessantes. Nos dirigeants oublient que les médecins ne sont pas là pour promotionner la politique de santé (c’est l’administration qui doit intervenir dans ce cas), mais pour soigner des patients.
- La société a évolué, les patients deviennent de plus en plus revendicatifs et s’informent (pas forcément dans le bon sens) sans cesse avec les nouveaux outils comme internet.
- Ils veulent tout comme la majorité des Français avoir des services publics à leur proximité.
- Ils sont épuisés par les critiques formulées par certains édiles de villes de moyenne importance qui voudraient qu’ils soient corvéables au-delà de l’âge légal de la retraite pour que les administrés puissent congratuler ces personnages « publics ». Ces maires oublient, pour certains (qui sont souvent à la retraite), que le métier de médecin devrait être assujetti à la loi sur la pénibilité.
- Enfin, ils se posent des questions concernant leur rémunération qui n’est vraiment pas la hauteur du travail fourni, et de leur diplôme (les jeunes doivent suivre actuellement 9 années pour les généralistes, et 10 voire plus pour les spécialistes).
Face à ce constat, certains « cerveaux » tentent d’attirer les libéraux vers d’autres cieux.
Ainsi, chose nouvelle et curieuse, certains recruteurs en provenance de pays européens viennent sur des stands lors de congrès pour aider les confrères à entreprendre des formalités administratives pour s’installer ailleurs.
Des sociétés privées, depuis peu de temps, proposent aux généralistes de devenir médecin du travail (et d’ailleurs elles n’hésitent pas à contacter directement les praticiens) ; le temps de formation étant à la charge de ces entreprises. Même la fonction publique fait de la publicité pour le concours très attractif (au niveau relationnel et financier) de médecin-conseil.
De telles pratiques nous démontrent que le secteur libéral est en grande difficulté, et qu’aucune solution pour promouvoir ce mode d’activité n’est réellement développée.
Or, le praticien libéral est la pierre angulaire dans la charge le patient ; cela à moindre frais, n’en déplaise à notre ministre.
Aussi, pour éviter une catastrophe sanitaire et sociale avec des médecins libéraux qui vont venir d’autres pays européens, il va falloir s’asseoir derrière une table et discuter véritablement.
C’est de cette façon que la médecine de demain doit se façonner, et se concevoir.
N’oublions pas que pratiquer la médecine libérale, c’est avant tout une passion, et qu’il faut tout faire pour la développer chez les jeunes… pas seulement avec une meilleure rémunération ; ce qui n’est d’ailleurs pas à l’ordre du jour quoique puissent dire les patients !
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