Une obligation encore peu respectée, la profession circonspecte

La moitié des médecins libéraux ont suivi un programme de DPC depuis 4 ans

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Publié le 30/06/2016
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Avant de passer la main, le 1er juillet, à la future agence nationale, l'organisme gestionnaire du développement professionnel continu (OGDPC), a présenté un bilan chiffré du dispositif d'évaluation et d'amélioration des pratiques.

Selon des résultats arrêtés au 1er juin 2016, près de 65 000 médecins libéraux différents ont été inscrits à un programme de DPC entre 2013 et 2016, soit « 50 % de la population éligible », précise l'organisme. La réforme n'a donc pas permis à tous les professionnels de réaliser une action de DPC par an mais « le DPC fait désormais consensus et une dynamique est créée », se félicite Monique Weber, directrice de l'OGDPC.

Trois responsables associatif, interrogés par « le Quotidien » portent un regard plus critique sur cet état des lieux. « De quelles formations parle-t-on, s'interroge le Dr Antoine de Béco, président de la Société de formation thérapeutique du généraliste (SFTG). Dans quelles conditions ont-elles été réalisées ? Avec quel type d'organisme ? » Le responsable associatif estime que les chiffres masquent un réel problème, celui de la compétence de toutes les structures récemment apparues sur le marché. « Nous sommes passés en quelques années d'une cinquantaine à plus de 3 400 organismes habilités à dispenser des programmes de DPC  » (NDLR, dont 1 239 sont spécifiquement destinés aux médecins). Or, toutes les actions de DPC ne se valent pas « On a vu des DPC d'un quart d'heure à valider en 3 clics, poursuit le Dr de Béco. La qualité de la formation suivie a-t-elle un sens ? »

La profession mi-chèvre, mi-chou

« Nous n'avions pas la possibilité réglementaire de refuser un programme de DPC pour non-qualité, se défend Monique Weber, directrice de l'OGDPC, consciente des lacunes de la précédente réglementation. Un décret à paraître permettra à la future agence (ANDPC) de réaliser un contrôle de la qualité du DPC. Il nous faut arriver à éliminer les mauvais programmes et accompagner les professionnels vers un DPC de qualité. » 

Le bilan est également contrasté pour le Dr Philippe Bonet, président de l'Union nationale des associations de formation et d'évaluation continues (UNAFORMEC), qui voit lui le verre à moitié vide. « Beaucoup de médecins ne connaissent rien au DPC et se moquent de l'obligation (qui va devenir triennale, NDLR) dans la mesure où il n'y a pas de sanction, affirme-t-il. Pour autant, il existe toujours en France une FMC vivante mais invisible, qui ne demande pas de financement, et qui est parfois réalisée de manière informelle par les praticiens. »

Moins négatif, le Dr Bernard Ortolan, directeur scientifique d'Evolutis DPC, estime que l'OGDPC a fait du « beau boulot dans un contexte compliqué » en formant 65 000 médecins libéraux différents dont un tiers de nouveaux praticiens ces deux dernières années. Ces résultats montrent cependant les limites d'un système, « capable de ne former que la moitié des médecins en quatre ans, faute de financements suffisants ». Sur un budget annuel de 182 millions d'euros, une enveloppe de 85 millions était réservée au DPC des seuls médecins en 2016. « L'avenir est peut-être à la réouverture du marché et à de nouveaux financements », avance le Dr Ortolan.

Ch. G.

Source : Le Quotidien du médecin: 9509