L’harmonisation européenne de 1987 et la réforme de l’internat ont fait disparaître la formation spécifiquement française de gynécologie médicale. Sous la pression d’une pétition de 2 millions de signatures en 2003, un DES de gynécologie médicale rétablissait la spécialité sous la forme d’un tronc commun avec choix de cette filière après 3 ans dans le DES de gynécologie obstétrique (GO, loi Gillot), tronc commun abandonné un an plus tard pour donner naissance à un DES autonome sur une durée de quatre ans.
Après dix-sept ans d’arrêt de formation de gynécologues médicaux (GM), seuls 20 postes par an sur tout le territoire ont alors été alloués, avec une montée en puissance un peu tardive depuis 2009 (de 30 à 70 en 2016). Jusqu’ici, plus de 90 % des internes ont obtenu la possibilité d’un post-internat, et 30 % un poste hospitalier (centres d’AMP et centres anticancéreux).
En 2017, une petite centaine de GM issus du DES se sont installés ou remplacent en cabinet libéral, et 250 internes sont en cours de formation. Aujourd’hui, 62 % des GM issus de l’ancien CES ont plus de 60 ans. Avec les départs en retraite, en 2020, il ne restera que 350 de ces gynécologues médicaux.
La Fédération nationale des collèges de GM réunit toutefois, dans ses 11 collèges régionaux, près de 1 500 gynécologues (GO et GM) pratiquant la gynécologie médicale, et, heureusement, on voit réapparaître au bas de la pyramide des âges 200 GM de moins de 40 ans.
L’appauvrissement de la couverture du territoire en gynécologues de ville se poursuit toutefois inexorablement, diminuant l’accessibilité des femmes aux soins gynécologiques, notamment à la prévention : le délai d’attente peut être de plusieurs mois pour un rendez-vous, et la distance à parcourir parfois importante. Il est donc tout à fait indispensable à ce jour pour la santé des femmes de travailler en collaboration et complémentarité avec les sages-femmes, pour les femmes sans pathologies identifiées en période d’activité génitale, et les médecins généralistes, qui pour beaucoup ont complété leur formation par un DIU de GO-GM.
Un rapprochement avec les GO
Il n’est pas moins important de pouvoir s’appuyer sur les GO, dont la formation initiale si riche est essentiellement obstétricale et chirurgicale, et dont le nombre n’a pas été infléchi. Nombre d’entre eux désirent, après un certain temps de cette activité, se tourner davantage vers une prise en charge plus globale de la femme tout au long de sa vie. Il faut donc que leur cursus puisse aussi comporter une part endocrinologique (prise en charge de troubles hormonaux, de l’infertilité, de l’adolescence, de contraceptions difficiles, de la ménopause, de difficultés sexuelles…).
C’est la raison pour laquelle s’opère aujourd’hui un rapprochement entre les deux disciplines, et des formations communes aux internes de GM et de GO vont se déployer pour maintenir une culture commune et des habitudes de collaboration, car plus personne ne peut se targuer de maîtriser à lui seul l’ampleur de notre spécialité dans sa totalité.
Le conflit du siècle dernier est désormais derrière nous — pour la plupart des gens raisonnables. L’intelligence prévaut désormais pour que toutes les pratiques se potentialisent dans l’intérêt des femmes. Permettons aux GO qui le désirent de se former en GM (autrement que sur le tas), afin que le manque de GM, qui va perdurer pendant de nombreuses années ne soit pas délétère pour les femmes.
exergue : Certains obstétriciens désirent, après un temps, se tourner davantage vers une prise en charge plus globale de la femme tout au long de sa vie
Gynécologue (Lille)
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