Frédéric Valletoux a inauguré, ce mardi matin, la Paris Healthcare Week, événement annuel majeur du monde hospitalier, devant plusieurs centaines de personnalités du secteur. Fait inhabituel, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) n'a pu présenter sa feuille de route pour les cinq ans à venir au ministre de la Santé, le nouveau gouvernement n'ayant toujours pas statué mardi sur le successeur de Marisol Touraine.
Cela n'a pas empêché le maire LR de Fontainebleau (Seine-et-Marne) de tenir un discours incisif appelant à « tourner la page de la politique de la contrainte permanente et faire en sorte que la maîtrise de la masse budgétaire ne soit plus notre seul objectif ».
Regard sévère sur le bilan Touraine
Ce n'est pas la première fois que la FHF dénonce les « injonctions paradoxales » du précédent gouvernement, imposant pendant cinq ans une rigueur budgétaire aux établissements de santé tout en leur réclamant de maintenir la barque à flot. Mais en prenant une fois de plus clairement ses distances avec Marisol Touraine, Frédéric Valletoux semble se désolidariser du neurologue Olivier Véran. Donné favori au poste de ministre de la Santé, l'ancien rapporteur socialiste de la loi Touraine serait désormais au coude à coude avec Arnaud Robinet, député-maire LR de Reims et proche de Bruno Le Maire, qui pourrait trouver sa place dans la « recomposition politique » prônée par le nouveau Président de la République.
S'inscrivant en faux contre le bilan de Marisol Touraine, Frédéric Valletoux a torpillé la méthode de travail de la précédente locataire de Ségur avec qui « les relations ont été pour le moins complexes et peu marquées par l’écoute et le dialogue ». Selon lui, la ministre de la Santé a déçu le secteur en laissant de côté la création d'un « modèle économique stable » pour la télémédecine mais en validant un nouveau financement des hôpitaux de jour – sur une proposition du Dr Véran depuis amendée – mettant ses derniers « en péril ».
Sobriété législative
Le président de la FHF a appelé le nouveau gouvernement à émettre des « signes forts » en faveur de l'hôpital et à mener une « politique renouvelée, confiante et responsable sans tarder ». En matière de santé, « les propositions qui ont été à plusieurs reprises formulées par le nouveau Président pendant la campagne présidentielle sont claires, positives et me semblent à la hauteur des enjeux », a indiqué Frédéric Valletoux, qui avait annoncé son intention de voter en faveur d'Emmanuel Macron au soir du premier tour de l'élection présidentielle.
Pour mettre le pied du futur ministre de la Santé à l'étrier, le patron de la fédération a égrené les « grandes lignes politiques » dont le secteur attend la concrétisation. Frédéric Valletoux souhaite que la santé soit désormais perçue comme « un atout pour notre pays, une source de croissance, un gisement potentiel d’emplois à haute valeur ajoutée non délocalisables » et non « une charge » économique. Pas question d'une nouvelle loi de santé : « Nous attendons une réelle sobriété législative faite de mesures ponctuelles et limitées » inspirées des préconisations de la plateforme présidentielle de la FHF, a confirmé son président.
Partager les contraintes de la permanence des soins
La « convergence des devoirs » est le second enjeu sur lequel le nouveau ministre de la Santé devra se pencher. Derrière cette périphrase, on retrouve la volonté ancienne de la FHF (déclinée dans sa plateforme) d'obliger les médecins à participer à la permanence des soins voire à s'installer de préférence en zone médicalement sous-dotée.
« Nous devons tous exercer les mêmes devoirs, participer concrètement et réellement à la permanence de soins, s’engager à prendre en charge tous les patients, sans sélection d’aucune sorte, lutter sans relâche contre les exclusions financières et géographiques à l’accès aux soins », a décliné Frédéric Valletoux. Dans la même veine, les hospitaliers souhaitent avoir les moyens de sortir de leurs murs en prenant « des initiatives pour construire des parcours pleinement intégrés au territoire, développer des partenariats forts et structurants avec la médecine de ville et les soins d’aval ». Frédéric Valletoux a rejeté d'avance les critiques sur le « retour en force de l’hospitalocentrisme ». Selon lui, la médecine libérale « est prête à ce changement de paradigme ».
Réformer le financement
La FHF a rappelé au nouveau gouvernement que « les établissements ont besoin de connaître leur budget non pas au milieu de l’année mais en début d’exercice ». Enfin, la fédération appelle de ses vœux un meilleur financement des missions de service public et l'intégration d'indicateurs de qualité sur la pertinence des actes, des activités et des structures dans les tarifs. Soit peu ou prou ce que propose Emmanuel Macron dans son programme.
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