« C'est une satisfaction collective et nous sommes fiers de notre capacité de réaction » s'est réjoui le Dr Thierry Lardenois, président de la CARMF, en marge de l'Assemblée générale de l'organisme qui s'est tenue à Paris, samedi 23 octobre. Les 213 délégués de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) présents ont approuvé à 100 % les comptes de gestion et le bilan de l'organisme en 2020. Pour le généraliste de 61 ans, réélu pour son troisième et dernier mandat de trois ans, la caisse a su faire preuve d'une « grande flexibilité et d'une adaptabilité à toutes les situations ».
De fait, la CARMF s'est particulièrement mobilisée pour ses affiliés pendant la crise sanitaire. Sur les 16 500 demandes d'aides liées au Covid, environ 7 000 médecins pouvaient effectivement prétendre à une indemnisation. Dans le détail, l'organisme a versé une aide à 1 631 médecins malades, 1 059 suspectés d'être contaminés, 1 290 présentant une pathologie à risque nécessitant un confinement, 75 en cumul emploi retraite qui ont dû s'arrêter et 260 médecins enceintes de plus de 7 mois. « Tout cela à effectif constant », a rappelé le généraliste d'Angevilliers (Moselle). Au total, depuis mars 2020, la caisse a dépensé 21 millions d'euros pour financer les indemnités journalières (IJ) des médecins malades du Covid ou en ALD sans délai de carence.
Ce financement a été ponctionné sur le régime invalidité décès de la CARMF et non sur les réserves du régime complémentaire. « Tout cela sans grever les retraites des médecins, sans faire appel à l'État ni à la solidarité nationale, a insisté le Dr Lardenois. Tout cela a été autofinancé sans générer un coût supplémentaire, c’est-à-dire sans la nécessité d'une augmentation de cotisation en 2020 ». Pour 2021, « seule une éventuelle augmentation pour le régime complémentaire pourrait être décidée mais elle serait minime », a ajouté le généraliste. Cette décision sera prise en novembre. Le taux de cotisation de ce régime qui compose 44 % de la retraite moyenne des médecins pourrait en effet passer de 9,8 % à 9,9 % ou 10 %.
Inquiétude sur le recouvrement des cotisations
En outre, alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2022 vient d’être adopté en première lecture par l'Assemblée nationale, c'est un autre texte législatif qui inquiète la CARMF. En effet, le projet de loi relatif à la protection des travailleurs indépendants, examiné par le Sénat, limiterait le recouvrement des cotisations sur les biens professionnels de l'indépendant. Jusqu'à présent, ce recouvrement pouvait avoir lieu sur l'ensemble du patrimoine du professionnel. « Quand un médecin ne paie pas ses cotisations, nous sommes en droit de faire créance sur la totalité de ses biens y compris privés », a précisé le Dr Lardenois. Cette mesure pourrait alors encourager « des médecins à organiser leur insolvabilité pour ne pas payer leur cotisation ». Selon la CARMF, 3 000 médecins ne paient pas leurs cotisations, dont « un petit pourcentage de médecins filous ».
Pour l'heure, la priorité du généraliste est de mettre la caisse en ordre de bataille pour préparer la réforme des retraites à laquelle « la profession n'échappera pas ». « J'espère que nos propositions seront au moins entendues, dit-il. Je souhaite qu'on continue à organiser notre caisse de façon autonome comme elle est actuellement ». Cette réforme longtemps combattue par l'organisme a été suspendue en 2020 par le gouvernement en raison de la crise sanitaire.
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