LA BONNE et la mauvaise nouvelle sont arrivées la semaine dernière. À Jort, petite commune du Calvados de 350 habitants, le conseil municipal a cru rêver en apprenant qu’un de ses anciens administrés, décédé en décembre, avait légué sa fortune, estimée à 800 000 euros, au village. Une aubaine pour la municipalité, dont le budget annuel tourne autour de 230 000 euros, et qui venait d’investir 1 million d’euros dans un tout-à-l’égout dont les travaux ne sont pas encore achevés. Mais la mauvaise nouvelle, tombée le lendemain, fait moins sourire René Drouet, ancien maire adjoint, aujourd’hui conseiller municipal du village. « Notre médecin nous a quittés, regrette-t-il d’une voix bien assurée pour ses 81 ans, et ça devient délicat pour la population. » De fait, le généraliste installé à Jort depuis 2005 a annoncé qu’il dévissait sa plaque. « C’était un bon médecin, même s’il n’exerçait pas à temps complet, continue le conseiller, et le médecin de Morteaux-Coulibœuf (une commune située à 8 km) ne peut nous faire que des dépannages, étant déjà débordé. »
Médecin wanted.
Si bien qu’une partie de l’héritage inespéré pourrait bien trouver là son affectation. Le généreux donateur ayant stipulé que l’argent reçu devait servir « à des fins sociales », le maire du village, Jean-François Guillemot, a tout de suite pensé à l’utiliser pour créer une maison médicale. Mais René Drouet modère ce bel enthousiasme : « Avant de faire une maison médicale, il faudra bien trouver au moins un médecin », rappelle-t-il. Le conseiller municipal estime à ce sujet que la mairie pourrait sans doute mettre à la disposition d’un généraliste volontaire le cabinet utilisé par le précédent médecin : « Il y a une pièce de consultation et une salle d’attente au rez-de-chaussée, et quelques pièces à l’étage qui pourraient servir de logement en attendant mieux. » Mais il ne ferme pas la porte pour autant à la création de la maison médicale, rappelant qu’au moins deux infirmières libérales du canton seraient disposées à se lancer dans l’aventure. René Drouet précise cependant qu’il faudrait au préalable trouver un terrain pour la construire, ou récupérer « un bâtiment adaptable ».
La maison médicale n’est donc pas pour demain. « On n’a pas encore touché l’héritage, précise en outre le conseiller municipal, et signer tous les papiers va prendre du temps. » Après, il faudra encore vendre les deux appartements qui constituent l’essentiel de la succession. L’un est situé à Vincennes, en région parisienne, l’autre à Annecy (Haute-Savoie).
René Drouet insiste : « Dites bien à vos lecteurs que si un généraliste est intéressé, il peut venir nous voir. Jort est bien situé, c’est un joli petit coin, le canton est dynamique, il ne manquera pas de travail. »
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