La ministre de la Santé a tenu vendredi son premier discours politique de rentrée lors des 13es Rencontres de La Baule, organisées par la commission nationale des URPS-médecins libéraux.
Agnès Buzyn a décliné le calendrier et les grands axes de son action devant un auditoire de 200 personnes. Dans un discours d'une trentaine de minutes qui se voulait rassurant, l'hématologue a évoqué les « trois lignes directrices importantes pour construire la nouvelle stratégie nationale de santé », tout en rappelant son « attachement à la médecine de ville et à l'exercice libéral ».
La mise en place d'une politique globale de prévention et de promotion de la santé est érigée en « priorité absolue » par la locataire de Ségur, qui a invité les professionnels à en devenir les « ambassadeurs ».
Agnès Buzyn veut inciter les médecins à s'y employer grâce à la convention. Sans entrer dans les détails, elle a cité la possibilité de créer des « rémunérations incitatives reposant sur des objectifs de santé publique ou des consultations dédiées de prévention ». « La priorité ne doit plus être la revalorisation de l'acte », a assuré la ministre, en écho aux propos tenus la veille par le directeur de l'assurance-maladie Nicolas Revel. « Il faut faire évoluer la rémunération en y introduisant des notions de qualité et de pertinence des soins, a-t-elle déclaré. Nous allons introduire des financements de projets innovants via un fonds dédié ».
Changer la façon de faire du soin
La lutte contre les inégalités sociales et territoriales d'accès à la santé constitue un deuxième chantier primordial pour la ministre. « Nous devons changer la façon dont nous délivrons les soins », a exhorté le Pr Buzyn, usant de sa casquette de médecin pour convaincre son auditoire. La logique de parcours coordonnés, l'exercice en équipe et le renforcement des liens entre les acteurs de soins doivent « s'amplifier ». Pour ce faire, Agnès Buzyn compte s'appuyer sur des « innovations en matière de financement » dans le prochain budget de la Sécurité sociale présenté le 28 septembre. « Je ferai attention à ce que les arbitrages n'impactent pas l'activité de médecine et la qualité des soins », a-t-elle assuré.
Deux fois plus de maisons de santé
Agnès Buzyn compte « améliorer, pour ne pas dire accélérer » le virage ambulatoire et mener une « politique ambitieuse » en matière de formation initiale et continue. La ministre va « soutenir le développement de l'exercice regroupé » en doublant les structures d'exercice coordonné « d'ici 2022 », comme promis par le candidat Macron. Elle a toutefois reconnu qu'il n'était « pas possible ni souhaitable d’implanter partout » des maisons de santé : « Ce n'est pas l'alpha et l'oméga de la médecine de demain ». Agnès Buzyn a assuré qu'elle veillerait au bon développement de l'offre de stages en ambulatoire, au déploiement des pratiques avancées des paramédicaux et à ce que les conditions soient réunies pour que la télémédecine « tienne enfin ses promesses ».
Agnès Buzyn a réaffirmé que le tiers payant serait « généralisable ». « Une mission IGAS est en cours pour faire un état des lieux », a-t-elle rappelé. La ministre a borné le prochain semestre annonçant la publication de la stratégie nationale de santé en décembre 2017 et un plan national de santé publique « en mars ou avril 2018 ». Que cachent ces têtes de chapitres ? Mystère pour l'instant.
Appel solennel
La ministre de la Santé a clos son intervention en lançant un appel solennel à son auditoire : « J'ai besoin de vous, il est hors de question de toucher à la place des médecins libéraux. » Consciente de l'aversion de la profession pour le tout bureaucratique, Agnès Buzyn a indiqué son rejet d'une « planification descendante par l'État », « pas adaptée » aux chantiers qu'elle entend mener avec eux. « Je souhaite m'appuyer sur vos capacités à entreprendre et à créer », a-t-elle conclu, recevant des applaudissements nourris.
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