UN DESSIN vaut mieux qu’un long discours. Sur le schéma que brandit le président de MG-France, Claude Leicher, 75 % des 2,3 milliards d’euros supplémentaires consacrés par l’assurance-maladie aux remboursements des honoraires entre 2005 et 2010 ont été versés…aux spécialistes. Les 54 000 généralistes (sans compter les 11 000 remplaçants) doivent se contenter du quart restant du camembert. « Nos honoraires ont baissé de 2 %, après ça, on se demande pourquoi il y a des problèmes démographiques ! », lance le Dr Leicher, rappelant que le nombre de généralistes a diminué, pour la première fois, de 1,5 % en 2010, soit 3 % en densité. Et d’accuser la convention de 2005 : « on a donné les honoraires aux spécialistes et les contraintes aux généralistes ». Selon le président de MG-France, les choses ne s’arrangent pas. Le projet du parti socialiste pour 2012 remettrait en cause la liberté d’installation, « comme certains députés de l’UMP qui s’inquiètent des voix de leurs électeurs », affirme Claude Leicher.
Inverser la tendance.
Autre sujet grave : sur le terrain, les généralistes sont les premières victimes d’agressions ou de vols.
Pas plus tard qu’il y a une semaine, le Dr François Wilthien, premier vice-président de MG-France, a retrouvé son cabinet médical d’Aubervilliers cambriolé, malgré sa porte blindée. « Sur 10 confrères de MG qui travaillent dans le 93, je suis le troisième à être cambriolé ou agressé en 2011 ! », souligne l’intéressé. Le protocole qui devrait être prochainement signé entre les ministères de la Justice, de l’Intérieur et de la Santé, et les Ordres ne convainc guère. « On nous dit de ne plus montrer notre caducée, de ne pas nous déplacer avec notre ordonnancier ni notre mallette, c’est irréaliste ! », s’exclame le Dr Wilthien. « Notre patience est à bout, il n’y aura plus de soins de proximité si ça continue ! », renchérit Claude Leicher.
Pourtant, les solutions existent pour le syndicat, qui veut parier sur la génération montante. « Où, quand, comment, quelle qu’en soit la forme, nous souhaitons inciter les jeunes à travailler auprès des médecins déjà installés », explique le président, ajoutant que l’exercice regroupé pourrait être une des solutions pour contrer la désertification. Mais pour inverser durablement la tendance, il faudrait surtout investir massivement sur la médecine générale, leitmotiv de MG-France. « Nous sommes prêts à répondre aux besoins de la population à condition que les généralistes soient confortés grâce à la valorisation du médecin traitant, et que des coopérations se mettent en place avec l’ensemble des professionnels de la santé ».
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