Son mari, son avocat, les responsables du centre de santé de Montceau-les-Mines, qui l’employait, et même l’Ordre des médecins de Saône-et-Loire. Tout le monde a été trompé par Samantha Avril, aujourd’hui placée en détention provisoire. Cette femme de 36 ans avait exercé en tant que généraliste pendant plusieurs mois, avec un faux diplôme de médecin, avant d’être démasquée au mois de septembre dernier.
L’histoire a pris récemment une tournure dramatique avec le décès de l’un de ses anciens patients, plongé dans le coma. La justice devra dire si les prescriptions de Samantha Avril en sont la cause. Si c’est le cas, elle encourra jusqu’à 20 ans de prison pour homicide involontaire.
Dimanche 22 novembre, l’émission « Sept à huit » a consacré un long reportage à cette affaire. L’enquête révèle que tout aurait pu être évité sans une succession de négligences et d’omissions. À commencer par celle du conseil de l’Ordre départemental de Saône-et-Loire, berné par un faux diplôme acheté 200 euros sur Internet, et coupable de ne pas avoir poussé plus loin les investigations pour vérifier les déclarations de Samantha Avril. Selon TF1, le président du CDOM a refusé de démissionner de son poste, malgré les demandes du Conseil national.
Schizophrénique
Le reportage en dit également un peu plus sur le profil psychologique de la fausse généraliste. « Elle est soignée depuis 2012, elle est schizophrène, elle entend des voix qui lui disent que dans la vie il faut aider les autres, il faut les soigner », confie à TF1 l’avocat de Samantha Avril. La jeune femme avait eu recours à ses services alors qu’elle était jugée début septembre (et condamnée à 4 mois de prison avec sursis) pour avoir tenté de se faire passer pour une infirmière, déjà avec un faux diplôme.
Plusieurs patients de la fausse généraliste ont eu l’occasion de tirer la sonnette d’alarme. « Je l'avais trouvée un peu niaise mais jamais de la vie je n'aurais pensé que c'était un faux médecin », raconte devant les caméras de TF1 la femme d’un malade pris en charge par Samantha Avril.
Des témoignages troublants
Plusieurs témoignages mettent en évidence l’incompétence de la jeune femme mais aucun ne remonte jusqu’à la direction du centre de santé Filieris de Montceau-les-Mines. Durant toute cette période, personne ne s’était plaint d’elle, avait déclaré en septembre dernier au « Quotidien », Hervé Laborde, le directeur régional Est de Filieris.
Deux secrétaires médicales de cet établissement disent pourtant avoir alerté leur hiérarchie. Témoignant à visage couvert, elles racontent leur surprise en découvrant que Samantha Avril avait été plusieurs fois candidate au concours d’infirmière, alors qu'elle était déjà diplômée en médecine !
L’une d’elles fera part de ses doutes à l’un des médecins du centre qui découvrira la supercherie en recherchant sur Internet, sans succès, la thèse en médecine de Samantha Avril. Dès le lendemain, la direction la convoquera avant de la licencier et de porter plainte.
Le 25 septembre, elle était mise en examen pour « pratique illégale de la médecine, mise en danger de la vie d'autrui, blessures involontaires, faux et usage de faux ».
Hier vendredi, elle s'est vu signifier une mise en examen supplétive, cette fois pour « escroquerie », à la suite d'une plainte déposée par l'Ordre des médecins de Saône-et-Loire et son employeur, le centre de santé Filieris de Montceau. Deux familles se sont par ailleurs constituées partie civile après le décès d'un second patient qui avait consulté Samantha Avril.
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