Les cabinets des généralistes du secteur public italien seront désormais ouverts sept jours sur sept et seize heures par jour avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle convention approuvée par les régions, le gouvernement et des associations de médecins. L’objectif de cet accord est d’abord de désengorger les urgences de 15 %.
Cet objectif est basé sur deux ballons d’essai lancés en 2014 en Émilie-Romagne et dans le Latium qui ont réduit de 15 % le nombre de cas urgents dans les hôpitaux. Le but est également d’offrir une meilleure qualité de service aux patients. À la continuité en termes d’heures d’ouverture s’ajoute la possibilité de prendre rendez-vous avec un spécialiste en milieu hospitalier ou conventionné et de payer les tickets modérateurs auprès du généraliste.
Cette nouvelle formule concerne uniquement les médecins de famille de la fonction publique qui ont la responsabilité de mille à mille cinq cents patients maximum. Leur contrat de travail prévoit la semaine des dix-huit heures dans leur cabinet médical, un avenant pour les visites à domicile difficiles à estimer en termes d’horaires et six autres heures par mois durant le week-end. Les visites sont gratuites, les travailleurs salariés et indépendants et les retraités devant être affiliés au régime général obligatoire d'assurance-maladie.
De nécessaires rotations
Pour garantir la continuité horaire, les médecins devront se regrouper. « Le principe est celui de la rotation. Lorsqu’un médecin de famille termine sa journée de travail, il est immédiatement remplacé par un collègue. Les données des patients sont insérées sur un ordinateur et toute l’équipe médicale du cabinet a accès aux fichiers », explique le Dr Giacomo Milillo, secrétaire de la fédération italienne de la médecine générale publique (Fimmg). Cette formule concerne les grandes villes. Dans les petites agglomérations, en revanche, les patients devront s’adresser au cabinet le plus proche. « Les horaires des médecins seront calibrés pour garantir la journée des seize heures », détaille Giacomo Milillo.
Reste que cet accord ne satisfait pas toute la catégorie. « Les codes blancs représentent seulement 2 % du volume global de patients triés aux urgences. Et puis, ce système ne va rien changer, la continuité étant déjà assurée par le système actuel grâce aux médecins de garde », assène le Dr Sabatini. Autre question : comment gérer cette fameuse continuité avec les effectifs actuels ? Soit, il va falloir recruter de nouveaux médecins de famille, soit les docteurs actuellement en service devront travailler davantage. « L’Italie compte 12 000 médecins de famille dont 40 % de précaires. Pour garantir de tels horaires, il va falloir trouver de la main-d’œuvre et les ressources manquent cruellement. J’ai le sentiment qu’il va falloir introduire un système de consultations privées pour garantir la continuité », soupire le Dr Giuseppina Onotri, secrétaire du syndicat de médecins SMI.
L’accord doit être évalué par les syndicats de catégorie dont certains comme le SMI sont déjà sur le pied de guerre. « Des ressources vont-elles être dégagées et les salaires qui n’ont pas été retouchés depuis dix ans vont-ils être rehaussés ? Nous allons probablement travailler plus et gagner moins », assène le Dr Alessandro Sabatini.
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