LA MISSION Legmann, chargée par Nicolas Sarkozy de réinventer la médecine libérale en quelques semaines, n’a pas fini de faire parler d’elle ! Selon nos informations, le « casting » arrêté cette semaine (directement par l’Élysée) comprend en effet plusieurs personnalités qui décoiffent et n’ont guère pour habitude de ménager les médecins de ville. Ce qui promet… Sous la houlette du président de l’Ordre des médecins, la mission s’est discrètement réunie cette semaine à Paris pour la première fois afin d’arrêter la méthode (une réunion par semaine) et les axes de travail (simplification administrative, nouveaux modes d’exercice, démographie et permanence des soins, maisons de santé, coopération, mobilité des médecins, répartition des médecins dans les zones sensibles, qualité et formation…). La tarification des actes n’entre pas dans le cadre de la mission Legmann mais le groupe pourra réfléchir à l’évolution des rémunérations.
Des avocats de l’encadrement des dépassements.
Sauf coup de théâtre, on devrait retrouver dans cette auguste assemblée le député UMP du Bas-Rhin Yves Bur, chirurgien-dentiste, rapporteur habituel des projets de loi de financement de la Sécurité sociale. Joint par « le Quotidien », Yves Bur confirme son intérêt. « On a un immense défi à relever : nous devons réfléchir de façon pragmatique à l’organisation de l’exercice libéral à l’horizon 2015/2020. Beaucoup de médecins vont partir, le temps médical sera rare et précieux. Comment le valoriser ? Quels mode d’exercice encourager, quel type de rémunération ? Comment supprimer les tracasseries ? La loi HPST nous a laissés sur notre faim… ». Il est peu probable que les médecins libéraux bondissent de joie à l’idée de voir Yves Bur réinventer leur exercice. À diverses reprises, ce député s’est illustré par des amendements très offensifs pour encadrer les dépassements d’honoraires et la liberté d’installation, taxer les récalcitrants à la télétransmission… « C’est sûr que ma présence fera grincer quelques dents », commente l’élu alsacien qui « en a vu d’autres ».
Ce n’est pas tout. Le président du CISS (usagers de santé) Christian Saout a également été contacté directement par l’Élysée pour rejoindre ce groupe d’experts. L’homme n’a pas la langue dans sa poche lorsqu’il s’agit de condamner certaines « dérives » de la médecine libérale, qu’il s’agisse de la liberté d’installation ou du secteur II. Christian Saout confie n’avoir « aucun a priori » mais se dit surpris de devoir plancher sur l’exercice libéral alors que la loi HPST n’est pas encore appliquée…
Un économiste, des administratifs...
Plusieurs élus devraient intégrer cet aréopage comme la députée (PRG) du Lot Dominique Orliac (médecin), le sénateur (UMP) des Pyrénées-Orientales Paul Blanc (également praticien) ou encore le maire socialiste de Clichy-sous-Bois, Claude Dilain. Berengère Crochemore, ancienne présidente de l’ISNAR-IMG (internes de médecine générale), membre de la mission sur les maisons et pôles de santé, a été retenue, de même que
Patrick Vuattoux, un généraliste bisontin, président de la Fédération des maisons de santé comtoises.
La mission Legmann devrait par ailleurs comprendre Norbert Nabet, ex-conseiller "médecine libérale" de Roselyne Bachelot, Jean-Marc Aubert, directeur délégué à la gestion et à l’organisation des soins à la CNAM et Christophe Jacquinet, le directeur de l’ARS de Picardie, une région où la démographie médicale donne des signes alarmants. L’administration sera donc solidement représentée. Enfin, la présence de l’économiste de la santé Claude Le Pen, un des meilleurs experts du secteur médical, est acquise.
Sur le papier, ces personnalités doivent donc rendre leur copie et redorer le blason de l’exercice libéral avant la fin du mois de mars mais, de l’avis de plusieurs membres de ce groupe, ce calendrier est «intenable».
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