LE QUOTIDIEN : Quels sont les priorités 2018 de ReAGJIR ?
Dr Yannick Schmitt : Notre tout premier chantier sera la protection sociale du jeune médecin généraliste. Elle est aujourd'hui extrêmement limitée pour les remplaçants non thésés. Elle est un peu plus fournie pour les installés mais mérite d'être améliorée car c'est un des déterminants à l'installation en libéral.
Nous souhaitons aussi travailler sur le chantier de l'installation parce que nous sommes très sollicités par les collectivités locales, les décideurs et les institutionnels. Nous souhaitons créer un vrai service d'accompagnement à l'installation en développant un système de référent local. Les autres enjeux principaux portent sur la recertification, les négociations sur la télémédecine et la prévention.
Sur la protection sociale, quelles mesures concrètes demandez-vous ?
Les jeunes médecins remplaçants doivent pouvoir s'affilier et cotiser à la CARMF dès la sortie de leurs études. En 2013, le conseil d'administration de la caisse a voté cette possibilité mais le ministère n'a rien fait. En dehors des installés, il n'y a pas de reconnaissance des médecins remplaçants alors que ce sont les plus précaires ! Un remplaçant non thésé n'a aucune prévoyance et ne bénéficie pas de l'avantage maternité. Le souci majeur est celui que rencontrent les jeunes généralistes atteints de pathologies chroniques avant leur affiliation. Dès qu'ils ont leur thèse, ils peuvent commencer à cotiser à la CARMF mais c'est limité. Il y a 90 jours de délai de carence en cas d'arrêt maladie…
Autre difficulté : il faut 30 jours de remplacement pour basculer vers le régime d'assurance-maladie des praticiens et auxiliaires médicaux conventionnés [PAMC, auquel cotisent les généralistes installés]. Pour les remplaçantes qui tombent enceintes, les IJ sont moins intéressantes si elles n’ont pas effectué ce quota de 30 jours révolus. Ce délai de carence est arbitraire. Nous réclamons une affiliation automatique vers ce régime plus avantageux que celui des internes (qui se voient couverts jusqu’à un an post-internat).
Quelles pistes avancez-vous pour faciliter l'installation ?
La démographie est implacable : on va perdre des généralistes. Il n'y aura plus un médecin généraliste par clocher ! Nous invitons les collectivités à réfléchir à l'échelle du territoire et non d'une commune, et à soutenir des projets pluriprofessionnels. Le principal déterminant à l'installation est : avec qui vais-je travailler et comment ?
ReAGJIR veut proposer un vrai service d'accompagnement à l'installation avec un outil national décliné localement et surtout personnalisé. Il permettra aux jeunes désireux de s'installer d'avoir recours aux praticiens du territoire qui connaissent bien le terrain. Ils ont un rôle d'expertise et permettront d'éviter certains problèmes comme des contrats de collaboration totalement défavorables.
Nous attendons enfin les résultats de la mission d'évaluation des dispositifs de lutte contre les déserts médicaux qui se sont accumulés. Nous avons du mal à voir ceux qui sont pertinents.
Quelle est votre approche sur la recertification ?
Nous y sommes favorables. Pour la première fois, les internes ayant entamé leur troisième cycle seront certifiés à l'issue de leur formation ; donc ça ne sera pas compliqué de les recertifier. Mais plusieurs questions restent en suspens pour la généraliser : qui va s'en occuper ? Comment ? Nous proposerons des solutions en avril.
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