Le Dr Jean-Christophe Masseron vient d'être élu président de SOS Médecins France. À la tête de la fédération, le généraliste de 40 ans entend redorer le blason de la visite à domicile et donner toute leur place aux associations SOS dans le déploiement du Service d'accès aux soins (SAS) et des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
LE QUOTIDIEN : Qui êtes-vous, Jean-Christophe Masseron ?
Dr JEAN-CHRISTOPHE MASSERON : J'ai 40 ans, je suis médecin généraliste, diplômé en 2011 et originaire de Cherbourg dans la Manche. J'ai été installé trois ans en ville avant de rejoindre SOS Médecins en 2014 à Chambéry, une région qui me tient à cœur. Je me suis rapidement investi localement. J'ai pris la présidence de mon association en 2018. Puis en 2019, je suis entré au conseil d'administration de la fédération dont j'ai finalement été élu président jeudi 8 octobre lors d'une assemblée générale à distance.
Pour rappel, la fédération regroupe 63 associations et 1 300 médecins. Nous faisons à peu près 4,5 millions d'appels par an et 2,8 millions de visites. Environ 60 % de notre activité est réalisée sur les horaires de permanence de soins.
Quels dossiers prioritaires allez-vous porter à la tête de SOS Médecins ?
La première mission que je me fixe est de faire reconnaître un peu plus encore notre cœur de métier : la visite à domicile. La visite est sous-valorisée voire abandonnée par les médecins traitants. C'est un mode d'exercice qui tend presque à disparaître! Nous tenons à ce qu'elle puisse continuer à exister car on voit son importance au quotidien notamment auprès des plus fragiles. La pandémie de coronavirus l'a bien montré.
On espère une revalorisation de la visite qui nous a plus ou moins été promise par le ministre en juin, lors de notre assemblée générale. On va devoir s'entretenir avec les syndicats de médecins pour qu'ils puissent porter nos revendications. La lettre clé de la visite ne bougera pas, ce qu'on veut voir bouger c'est l'indemnité de déplacement.
Nous souhaitons également que SOS puisse s'inscrire pleinement dans le futur Service d'accès aux soins [le SAS, NDLR]. Nous voulons donc prendre une part active dans ce projet et ne pas le subir. On veut d'abord conserver une entrée directe à nos services. Pas question que le SAS soit la porte d'entrée unique dans le système de santé. Par ailleurs, nous voudrions que le SAS puisse faire appel à nos équipes, même aux horaires d'ouverture des cabinets libéraux. Quand il n'y a pas de détresse vitale, SOS Médecins doit pouvoir être déclenché par le SAMU, de jour comme de nuit.
S'agissant des CPTS [Communautés professionnelles territoriales de santé, NDLR], SOS Médecins n'a pas vocation à être phagocyté par elles. Mais nos associations vont forcément s'impliquer dans le volet des soins non programmés. Il faut qu'on puisse avoir a minima des partenariats voire être moteurs de certains projets. Nous avons dans l'organisation de la médecine de ville une place importante à tenir.
Quelles leçons tirez-vous de la première vague de coronavirus alors que l'épidémie reprend de l'ampleur ?
Au printemps, nous avons été pris de court comme tout le monde. En termes d'équipement notamment, nous étions sous-dotés. Mais nous avons eu une capacité de réaction assez rapide. L'agilité et l'inventivité sont la force de SOS Médecins. Aujourd'hui on est préparés, on a des équipements, on sait se débrouiller. On est prêt à recevoir une deuxième vague.
Jusqu'à l'été prochain, la question des équipements ne posera pas de problème. Il faut par contre s'organiser sur la capacité de réponse car nos structures sont déjà hypersollicitées. Au mois d'octobre, notre activité est déjà quasiment celle d'un hiver. Il y a un engorgement général du système de soins. Nous devons nous adapter pour offrir davantage de volume de consultations. La téléconsultation peut nous y aider parfois. Mais si cette pratique s'est beaucoup développée pendant la première vague, notre cœur de métier reste la visite à domicile.
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