LE QUOTIDIEN : Vous faites partie des nouveaux syndicats dans la course. Comment voyez-vous ces élections ?
Dr EMANUEL LOEB : Il y a une multitude de propositions, mais dans la continuité de ce qu'a toujours été le syndicalisme médical chez les libéraux. Il y a d'abord eu la CSMF qui a connu plusieurs scissions, la FMF, le SML, MG France, plus récemment la création du BLOC etc. Cette balkanisation est le résultat de querelles d'ego à l'intérieur même des centrales. Les représentants des syndicats sont responsables de cette situation, dont l'Assurance-maladie et le ministère se satisfont d'ailleurs ! La fusion des deux collèges de spécialités donne un avantage probable à l'union Avenir Spé/Le BLOC, au même titre que MG France chez les généralistes. Bref, on est désormais dans des batailles de verticalités, les généralistes face aux autres spécialités, c'est dommage.
Dès lors, pourquoi avoir voulu présenter aussi des listes et quels sont vos objectifs ?
Jeunes médecins est une structure transversale. À partir du moment où on avait obtenu une représentation auprès des hospitaliers, il y avait une logique à le faire aussi chez les libéraux. Une représentation scindée entre monde hospitalier et monde libéral n'a plus de sens. Si on veut défendre une mixité d'exercice, il faut pouvoir discuter avec l'ensemble des acteurs participant à l'organisation des soins et arrêter les logiques de clivage, plus administratives que médicales.
Notre premier objectif était de pouvoir participer au scrutin, et ce n'était pas gagné ! Il a fallu batailler devant le Conseil d'État pour obtenir gain de cause. Cela nous a été délétère car, tant qu'on ne savait pas si on pouvait présenter des listes, il était difficile de les constituer et donc nous avons peu de candidats. Pour notre première participation, le but est de faire naître un débat sur de nouvelles façons de voir la médecine libérale.
Quel sont vos priorités ?
Tout d'abord, préserver la liberté d'installation et encourager le compagnonnage avec l'accueil d'internes en libéral. Il faut favoriser les nouveaux modes d’installation avec des mesures incitatives et soutenir les initiatives de créations de centres de consultations avancées pour les spécialistes. Là où le foncier est coûteux, nous demandons la création d'un prêt à taux zéro avec possibilité de remboursement différé. Pour les spécialistes, la valeur des actes, déconnectée du coût de la pratique, doit être réévaluée. Et de nouveaux financements doivent être instaurés pour la participation aux RCP ou aux revues de morbi-mortalité (RMM), actuellement non rémunérée.
Concernant la protection sociale des libéraux, Jeunes Médecins demande l'allongement du congé paternité comme pour les salariés et une prise en charge du congé maternité égale, quel que soit le secteur conventionnel. Nous défendons aussi la sécurité dans l'exercice, par exemple comment s'armer face aux plateformes numériques, y compris les plateformes de notation comme Google. Enfin, la santé psychique des médecins est essentielle. Il faut créer dans chaque URPS des cellules d’accompagnement, si nécessaire en lien avec les associations existantes.
Pourquoi voter pour Jeunes médecins ?
Nos candidates et nos candidats n'ont jamais été partie prenante d'une quelconque organisation antérieure, contrairement aux autres nouveaux syndicats, et ils veulent insuffler une nouvelle vision de la médecine libérale et la redynamiser. Voter pour eux permettra de porter une voix différente et de créer des ponts générationnels.
Les jeunes médecins doivent faire perdurer l'exercice libéral, indispensable au système de santé en France. Enfin, cela permettra aussi de faire vivre la démocratie sanitaire, de renouveler et de rajeunir le syndicalisme médical ! Il faut homogénéiser la pyramide des âges au sein des URPS et avoir un panachage entre jeunes et moins jeunes.
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique
« Cela correspond totalement à mes valeurs », témoigne la Dr Boizard, volontaire de Médecins solidaires
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne