LE QUOTIDIEN : En 2015, la FMF est devenue la deuxième force syndicale. Quels sont vos objectifs pour ce scrutin ?
Dr CORINNE LE SAUDER : Nous ferons tout pour arriver en tête, dans les deux collèges. Un bon score nous donnera beaucoup de poids dans les négociations conventionnelles. La FMF, rénovée et rajeunie, présente de très bons candidats et dans quasiment toutes les régions. En 2015, nous avions certes sur nos listes des médecins de l’UFML, qui a décidé de se présenter aujourd’hui comme un syndicat pour entrer dans le jeu conventionnel. On verra bien ! Il est toujours plus facile d’avoir un discours populiste lorsqu’on est à l’extérieur. Je déplore en tout cas ce morcellement qui affaiblit la médecine libérale. La FMF appelle à l’unité.
Quelles sont vos priorités ?
Redonner l’envie aux jeunes de s’installer et aux plus anciens de ne pas déplaquer ! Les médecins doivent retrouver leur cœur de métier et exercer dans de bonnes conditions. Pour restaurer cette confiance, la FMF prône une politique de rémunération où le paiement à l’acte reste un pilier de l’exercice libéral. La revalorisation des actes au niveau européen est une étape incontournable de la future convention pour permettre aux médecins de s’organiser et de payer du personnel. C’est pourquoi nous visons un revenu horaire moyen de 200 euros brut et la création de trois niveaux de consultations en fonction de la complexité du travail et du temps passé.
Pour les spécialistes, il faudra très vite engager la réévaluation de la classification commune des actes médicaux (CCAM) qu’on nous promet depuis deux ans. Ce travail permettra de valoriser le coût de la pratique et de prendre en compte les actes innovants. Enfin, la ROSP [rémunération sur objectifs] qui ne poursuit pas un objectif de santé publique mais de rentabilité doit être supprimée. L’argent alloué à la ROSP doit être réparti entre les consultations et le forfait structure.
Nous nous battrons aussi pour améliorer le forfait maternité, aligner le délai de carence sur le droit commun en cas de maladie, renforcer la sécurité des médecins et obtenir des garanties en matière de retraite.
Vous proposez un espace de liberté tarifaire pour tous…
Oui. Aujourd’hui, l’accès au secteur II n’est possible que sous conditions. Pour les médecins qui ont démarré leur activité en secteur I, il n’y a pas de reconnaissance d’ancienneté, ni d’évolution possible. Leur expertise et leur expérience ne sont pas valorisées comme il se doit. D’où notre proposition de créer un espace contrôlé de liberté tarifaire permettant à tous les médecins de pratiquer des dépassements encadrés. Cela peut aller jusqu’à la mise en place d’un secteur unique, avec des honoraires modulables, tirant la rémunération vers le haut.
Appelez-vous à la suppression des URPS ?
Non. Les URPS sont des interlocuteurs indispensables face aux ARS. Dans de nombreuses régions, les décisions sont prises de façon collégiale même si les élus ont leur étiquette. C’est le cas dans ma région, en Centre-Val de Loire, où on arrive à bien travailler avec l’ARS sur le zonage, la permanence des soins, les aides à l’installation. Au déclenchement du Covid, mon URPS a pu mobiliser les entreprises pour avoir des masques, du gel, et les kinés pour en faire la distribution auprès des médecins. En tout cas, les URPS ne sont pas des chambres d’enregistrement et méritent d’être mieux connues par la profession.
Pourquoi voter pour la FMF ?
La FMF est démocratique, indépendante de tout sponsor et polycatégorielle. Nous défendons toutes les façons d’exercer — généraliste, spécialiste clinique, praticien sur plateau technique lourd ou MEP — que l’on soit isolé ou en groupe, en exercice mixte ou libéral, en campagne ou en ville. Nous refusons le schéma unique ! C’est cette diversité qui fait notre force et incarne le terrain. La FMF est le visage de l’avenir de la médecine libérale.
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