Une centaine de personnes se sont réunies fin juin à Concarneau (Finistère) pour débattre des solutions aux inégalités d'accès aux soins, dans le cadre des 27e rencontres de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité.
La concentration de l'offre obstétricale et les transformations récurrentes des petites maternités (moins de 300 accouchements par an) en centres de périnatalité (sans bloc) inquiètent les participants, pour beaucoup fonctionnaires et retraités engagés en faveur d'une médecine sociale et de l'assurance-maladie solidaire.
À Decazeville (Aveyron), l'agence régionale de santé (ARS) a suspendu les accouchements de la maternité depuis le décès, en octobre dernier, d'une parturiente et de son enfant. La tutelle envisage la fermeture définitive. « Decazeville est proche du Lot, un énorme désert médical, explique Maxime Gaillard, aide-soignant de la maternité et délégué CGT. Depuis neuf mois, 60 000 personnes sont à plus de 45 minutes d'une maternité. À Rodez [à 40 km], les couloirs sont saturés de patientes, la durée médicale de séjour est de 48 heures. » Le jeune homme désespère de voir l'hôpital « recruter des mercenaires à 2 000 euros la garde ». La solution selon lui : gonfler l'enveloppe budgétaire des hôpitaux de proximité et des structures de médecine salariée.
Fragilité économique
À Bergerac (Dordogne), 3 500 patients se sont retrouvés sans médecin traitant l'an passé. Pour y remédier, la municipalité a sorti de terre un centre de santé en un temps record. La venue de trois médecins salariés, parties prenantes à la permanence des soins, a donné un second souffle à la commune. Cette solution a toutefois ces limites. « Le centre ne sera jamais une structure rentable et ce n'est pas son but, rappelle Valérie Latarche-Bertrand, responsable santé publique de la ville. On espère être à l'équilibre dans 18 mois ».
Le rappel des contraintes économiques qui pèsent sur les centres de santé municipaux, structures fragilisées par le tiers payant systématique, agace le public de Concarneau, très favorable à cette médecine publique. « Est-ce qu'on se pose la question de la rentabilité de la piscine de la ville ? » s'insurge le Dr Jean-Loup Théry. Ce médecin en santé publique à la retraite porte le projet de centre de santé dans la ville bretonne, lancé au début de l'année. Il s'inquiète du manque de volonté politique des élus locaux « même si le maire est plus intéressé depuis que son médecin est parti en retraite ».
Le projet de maison de santé pluridisciplinaire d'une association de professionnels libéraux, dont l'ouverture est prévue en 2018 à Concarneau, pourrait aussi tuer dans l'œuf le futur centre de santé. La ville a-t-elle besoin de deux nouvelles structures de premier recours ? Pour Denis, de Haute-Saône, la réponse est oui car les maisons de santé « ne sont souvent que des libéraux déjà installés qui se regroupent ». Leur attractivité auprès des jeunes générations reste limitée. Mieux vaut, selon lui, supprimer la liberté d'installation et instaurer un « service médical de trois à cinq ans ». Denis récoltera une salve d'applaudissements.
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