Des assistants médicaux pour libérer du temps médical : c'est une idée qui était plébiscitée par les médecins libéraux et qui, selon nos informations, a été définitivement retenue par le gouvernement dans la réforme du système de santé dévoilée mardi prochain.
Ce week-end, la création de cette nouvelle fonction d'assistant médical, qui permettrait aux praticiens libéraux (généralistes comme spécialistes) de se concentrer sur les soins en déléguant certaines tâches administratives, d'accueil, de recueil de certaines constantes et de préparation du patient, a été au cœur des discussions de l'Université d'été de la CSMF, à Giens, dans le Var.
Contrepartie : augmenter le nombre de patients suivis
Interrogé sur le sujet ce dimanche, lors de la clôture du congrès de la CSMF, le directeur général de l'assurance-maladie (CNAM) Nicolas Revel n'a pas explicitement confirmé les rumeurs… mais il a précisé les conditions d'un financement de ces assistants médicaux, façon claire de se projeter.
« C'est une idée qui n'est pas nouvelle, mais que nous n'avions pas forcément évoqué en 2016 lors des négociations conventionnelles, a souligné le patron de la CNAM. Il faut jouer sur l'utilisation du temps médical non disponible. S'il devait y avoir un accompagnement financier sur ce sujet, il doit y avoir des contreparties, comme l'augmentation de la patientèle suivie pour un médecin généraliste, ou une réduction des délais de rendez-vous pour les autres spécialités. » L'exercice en cabinet de groupe et dans un exercice coordonné devraient également être des conditions d'éligibilité au financement, selon plusieurs sources.
Recentrer la pratique médicale
À la CSMF, on militait clairement pour que cette idée soit retenue par le gouvernement, et soutenue de façon massive (ce qui signifierait plusieurs milliers d'assistants médicaux à l'horizon 2022 et plusieurs centaines recrutés dès l'an prochain). MG France et le SML se sont également mobilisés.
Le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération, a abordé deux fois le sujet, d'abord devant la ministre de la Santé, présente à Giens, puis devant Nicolas Revel, signe de l'importance que le leader syndical accorde à cette réforme. « La médecine de ville est prête à assumer une responsabilité territoriale sur la base de missions et d'une contractualisation avec les agences régionales de santé, a annoncé le Dr Jean-Paul Ortiz face à Agnès Buzyn. Il faudra accompagner cette restructuration de la médecine libérale, et la mise en place d'assistants médicaux et médicotechniques est prônée par la CSMF depuis 2011. Elle est indispensable tant en médecine générale que dans toutes les spécialités ».
La ministre a fait durer le suspense, se contentant de dire qu'elle « entendait » la demande des médecins libéraux de regagner du temps médical. « Mon objectif, c'est de recentrer la pratique médicale sur sa forte valeur ajoutée, c'est-à-dire la partie non administrative, et nous verrons comment nous y arriverons », a botté en touche Agnès Buzyn. Patience...
Le Dr Patrick Gasser, président des Spés de la CSMF, voit dans les assistants médicaux un très bon moyen pour les spécialistes d'aller plus rapidement au cœur des choses (diagnostic, soins) avec le patient, en évitant d'avoir à faire « l'avant » consultation, notamment l'administratif. « Cela peut aussi être le fait de prioriser certains patients par rapport à d'autres, en leur posant des questions sur le motif de consultation, leurs antécédents, en vérifiant certaines constantes », indique-t-il.
La création de ce nouveau métier d'assistant médical, subventions à l'appui, devrait être une des principales mesures annoncées mardi au bénéfice de la médecine de ville.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique