Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a annoncé en début de semaine que ses huit millions d’administrés pourraient être dépistés gratuitement « avant Noël », afin de « casser la transmission du virus et protéger nos aînés au moment des fêtes ». Une annonce qui a provoqué une polémique politique et reste accueillie avec prudence par les libéraux concernés.
Le ministre de la Santé Olivier Véran a aussitôt évoqué un « effet d’annonce », soulignant que « ni le directeur de l’agence régionale de santé, ni le préfet n'ont été informés » de cette campagne massive de dépistage. Affirmation démentie par Laurent Wauquiez, ajoutant qu'un « ministre de la Santé aurait mieux à faire que de lancer des polémiques et serait plus utile à aider ceux qui s’engagent sur le terrain ». « Dans notre région, quand on dit, on le fait », a-t-il plaidé, rappelant que la région avait fourni des masques à ses administrés à l’époque où « le ministre de la Santé disait qu’ils étaient inutiles ».
Pour cette opération en tout cas, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes assure avoir commandé deux millions de tests antigéniques. « Nous allons en recommander à nouveau deux millions, déployer partout dans la région 1 000 points de tests et mobiliser 10 000 personnes : médecins, pharmaciens, infirmières, pompiers, Croix-Rouge, protection civile... », détaille-t-il. Des cars itinérants pourraient être mis en place pour couvrir les zones plus rurales. La campagne de dépistage est prévue la semaine du 16 décembre.
Mise en pratique difficile
Pour le Dr Vincent Rébeillé Borgella, secrétaire général de l’URPS médecins libéraux Auvergne-Rhône-Alpes, si la démarche peut sembler « intéressante », un projet à cette échelle ouvre un « questionnement » et pose au moins trois problèmes notamment d'ordre logistique. « D'abord, la région n'est pas hermétique, il y a des gens qui y entrent, qui en sortent. Cela pose une difficulté pour limiter la diffusion du virus… Ensuite, comment va-t-on mobiliser suffisamment d’acteurs de santé pour ne pas dégarnir le front ? Surtout, que va-t-on faire des personnes testées positives au coronavirus ? Si elles sont entourées de sujets à risque, comment va-t-on les isoler ? »
Bref, « si l’idée est bonne, la mise en pratique est plus difficile », résume-t-il. Pour le généraliste, il aurait été préférable de travailler de façon collégiale en amont et de présenter un projet abouti et concerté. « Là, on veut nous imposer les choses et je ne suis pas certain que les confrères vont vouloir s’emparer de ça. »
Les officinaux se préparent
De leur côté, les pharmaciens se préparent à l’opération. « Nous sommes en train de nous équiper et de nous mettre en ordre de bataille pour faire les tests antigéniques dans nos officines. Nous pourrons participer à ce dépistage massif », assure Olivier Rozaire, président de l’URPS pharmaciens Auvergne-Rhône-Alpes. Quelque 150 pharmaciens ont déjà suivi une formation à la réalisation de tests antigéniques à l’hôtel de région. D'autres sont prévues, notamment à Clermont-Ferrand.
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