Quatre mois après l'ouverture des négociations conventionnelles, « le compte n'y est pas », a estimé ce jeudi l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF), la branche généraliste de la CSMF.
Qu'il s'agisse des 50 000 euros d'aides à l'installation, du C progressivement relevé à 25 euros pour les médecins de famille aux tarifs opposables ou de la mise en place de quatre niveaux de tarifs, les propositions de l'Assurance-maladie sont jugées insuffisantes. « La CNAM et le gouvernement n'ont pas pris la mesure du mal-être des généralistes », explique le Dr Luc Duquesnel, président de l’UNOF.
Le syndicat, réuni en comité directeur, a adopté une motion dans laquelle il demande que la prochaine convention revalorise de manière substantielle les médecins généralistes et réduise le différentiel de revenus avec les autres spécialités. « Nous avons fixé trois priorités pour la convention : la médecine générale, les spécialités cliniques et le secteur I », déclare le Dr Duquesnel.
Davantage de consultations majorées
Avec d'autres syndicats, l'UNOF défend la création d'une grille de consultations fondée sur quatre niveaux de tarifs (25, 30, 46 et 75 euros). La CNAM a repris le principe de cette nouvelle hiérarchisation mais sans apporter aucune garantie tarifaire, estime le Dr Luc Duquesnel.
Le chef de file de l'UNOF souhaite en particulier élargir le 3e niveau de consultation. Il suggère ainsi que le médecin traitant puisse facturer 46 euros lors des visites à domicile, pour les consultations approfondies (ALD, polypathologies), pour les sorties d'hospitalisation, les consultations de nourrisson du 8e jour, 9e mois, 24e mois.
L'UNOF réclame également qu'un généraliste puisse facturer 46 euros pour une première consultation d'un nouveau patient dont il devient médecin traitant.
Le syndicat s'étonne par ailleurs de la proposition de l'Assurance-maladie selon laquelle seuls les spécialistes pourraient bénéficier de la majoration de 15 euros lorsqu'ils reçoivent un patient en urgence (dans les 48 heures) adressé par leur médecin traitant. « Pourquoi le généraliste qui aura lui-même reçu ce patient en urgence et obtenu un rendez-vous chez le spécialiste, n'aurait pas le droit d'appliquer la même majoration et devrait se contenter de la MCG (3 euros), s'insurge le Dr Duquesnel. À contenu de consultation égal, rémunération égale ! »
8 000 euros par médecin pour financer un secrétariat
L'UNOF souhaite que les divers forfaits à l'étude n'excèdent pas 15 % de la rémunération globale des médecins. Le forfait unique pour la patientèle que la CNAM souhaite mettre en place (indexé sur l’âge, d'éventuelles polypathologies et la précarité) devrait pouvoir osciller entre 5 et 75 euros par patient, évalue le Dr Duquesnel.
Pour aider au financement d'un emploi à temps plein de secrétariat médical pour trois généralistes, le syndicat souhaite la création d'un forfait structure de 8 000 euros par médecin.
À côté des éventuelles aides à l'installation de 50 000 euros versés aux médecins qui s'engageraient pendant trois ans à exercer en tarif opposable et en groupe dans une zone sous-dense, l'UNOF souhaite que la CNAM maintienne la prime actuellement versée (15 200 euros par an) aux quelque 2 000 généralistes déjà installés dans les territoires fragiles.
Au chapitre de la protection sociale, l'UNOF souhaite que les généralistes bénéficient d'indemnités journalières (129 euros) dès le 14e jour de maladie (au lieu du 90e). Le syndicat rappelle enfin que le gouvernement devra légiférer afin que les femmes médecins libérales touchent une allocation forfaitaire de 3 000 euros par mois pendant les 3 mois de leur congé maternité.
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