Encore une fois, la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) et les syndicats de médecins libéraux (SML, CSMF, Avenir Spé, Le Bloc, FMF et le Snarf, le syndicat des anesthésistes-réanimateurs) s’inquiètent de la situation dans les blocs opératoires. En cause aujourd'hui, un projet de décret proposé par la direction générale de l'offre de soins (DGOS, ministère de la Santé) concernant les infirmiers de blocs opératoires (Ibode).
Celui-ci fait suite à une décision du Conseil d'État en date du 31 décembre 2021, qui a annulé un décret de janvier 2015 donnant une série d'actes exclusifs aux Ibode : installation du patient, mise en place et la fixation de drains sus-aponévrotiques, fermeture sous-cutanée et cutanée, aide à l’exposition, à l’hémostase et à l’aspiration.
Alors que les syndicats de médecins et chirurgiens dénoncent ce décret, en fait inapplicable en l'état à cause du manque d'Ibode, depuis sept ans, le Conseil d'État a obligé le gouvernement à « adopter des mesures transitoires » dans un délai de quatre mois pour assurer le bon fonctionnement des services de chirurgie jusqu’à ce que le nombre d'Ibode soit suffisant, et au moins jusqu’au 31 décembre 2025.
Or le nouveau texte envisagé par le ministère de la Santé comporte des « anomalies juridiques » et ne règle pas la situation, estime le Dr Philippe Cuq, coprésident du Bloc. Il place les établissements de santé « face à une alternative intenable » : choisir entre « la fermeture de blocs opératoires ou faire pratiquer à des infirmiers des actes qu’ils n’ont pas le droit de faire », estiment par ailleurs les syndicats. De ce fait, les mesures transitoires ne concernent qu’un nombre « très limité » de professionnels travaillant au bloc opératoire.
100 % d'Ibode dans les blocs ?
En attendant, « il n’y a pas un bloc opératoire qui ne travaille pas dans l’illégalité depuis 2015 », déplore le Dr Cuq, qui pointe une pénurie « majeure » d’Ibode, aggravée par deux années de Covid et de nombreuses démissions. « Peu de blocs ont retrouvé leur fonctionnement habituel, il manque plusieurs postes de paramédicaux temps plein par jour, avec en conséquence des fermetures de salles et des retards de prise en charge », regrette le chirurgien toulousain, rappelant que la responsabilité des médecins est engagée.
Actuellement, 8 500 Ibode et 21 000 IDE exercent dans les blocs, publics comme privés. Les écoles d’Ibode forment 710 professionnelles par an, pour des besoins estimés par les médecins et la FHP à 3 000 par an – dans la perspective d'une exclusivité d'actes et en prenant en compte les 15 à 20 % d'Ibode qui sortent des soins infirmiers pour devenir cadres ou surveillantes. Par ailleurs, 13 000 IDE ont déposé un dossier pour pouvoir continuer à travailler dans l'attente d'un nombre suffisant d'Ibode.
« Il faut qu’un nombre suffisant d’Ibode soit formé et en attendant, il est indispensable que le nombre de professionnels nécessaires soit autorisé à exercer en bloc opératoire. Après le retard de prise en charge des patients en raison du Covid, il serait dramatique que des blocs opératoires ferment juste en raison de textes réglementaires au préjudice des patients », estime de son côté Lamine Gharbi, le président de la FHP.
La FHP et les syndicats de libéraux appellent, entre autres, à faciliter les équivalences pour les infirmières non spécialisées exerçant dans les blocs et à augmenter le nombre de places dans les écoles, pour arriver à terme à 100 % d'Ibode.
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