Le rapport sur les soins non programmés, rendu ce mardi 22 mai par le député LREM et médecin Thomas Mesnier à la ministre de la Santé, n'en finit plus de faire parler de lui.
Ce dernier préconise entre autres un numéro unique avec une régulation et une orientation médicales, l’obligation pour les médecins généralistes libéraux de proposer des demi-journées de soins non programmés ou encore l'inscription dans la loi du principe de responsabilité territoriale des professionnels de santé pour la prise en charge des premiers soins.
Ces propositions ont immédiatement fait réagir les syndicats représentatifs de médecins libéraux, qui craignent le retour des gardes obligatoires ou encore un contournement du médecin traitant. Sur le réseau social Twitter, des professionnels, anonymes ou non, sont également très nombreux à dénoncer un rapport éloigné des réalités du terrain et truffé de formules politiques.
Président de la FMF, le Dr Jean-Paul Hamon ne cache pas son agacement :
À aucun moment : la nécessité de repeupler la France de ses médecins de proximité ! De Revaloriser l’exercice et d’améliorer les conditions d’exercice . Aucune proposition d’incitation au regroupement . -20%de MG en IDF 55h/sm.et il faudrait augmenter les plages de consult?
— Jean Paul Hamon (@hamonjeanpaul) 23 mai 2018
Certains, comme le médecin généraliste et écrivain Christian Lehmann, qui a commis une succession de tweets sur le sujet, fustigent aussi une « méconnaissance de ce qu'est la médecine générale ».
Un truc proprement effarant dans le rapport que @MESNIERThomas a remis à @agnesbuzyn, c'est l'absolue méconnaissance de ce qu'est la médecine générale. Je mets de côté la marguerite des compétences et autres théorisations, pour aller à l'essentiel:
— Christian Lehmann (@LehmannDrC) 23 mai 2018
Le mec qu’on a chargé du rapport sur l’organisation des soins en France et qui touche pas terre, a été élu député à 31a et EN PLUS est urgentiste.
— Doc Arnica (@DocArnica) 22 mai 2018
Il a pas du en soigner des masses des urgences depuis son diplôme non ? #LesExperts #MerciBuzyn
D'autres soulignent que l'enjeu est ailleurs et que les soins non programmés sont déjà fait... tous les jours par les médecins généralistes.
On rappelle que THE DÉFI pour les MG c'est quand même les maladies chroniques, les personnes âgées dépendantes. Des soins non programmés on en fait tous les jours malgré tout. Ces bidouillages de planning nr changeront pas grand chose https://t.co/s4kHcEtNKg
— PAB (@pabonnet) 23 mai 2018
D'autres médecins mettent enfin en avant le « flou » du rapport et le peu de mesures concrètes qu'il contient.
Réinventer l’eau chaude
— sypp (@sypp76) 23 mai 2018
2) ne pas avoir remarqué qu’il n’y a presque plus d’eau
3) saper le peu d’énergie qui restait pour la faire chauffer
Alors là , on a un champion ... et un déserteur de première
Allez chercher votre stétho et venez nous aider plutôt https://t.co/dZr6dh8VLK
Bonjour je suis MG, MSU, AAHP, diplomé DERBH. J'ai appris le latin, le grec, l'allemand et l'anglais, j'ai compris la marguerite, et même le langage des pédagogues du CNGE.
— Docteur Croke (@Docteur_Pascal) 22 mai 2018
Ben là je n'ai pas compris si ce rapport est une blague ou quelque chose de sérieux. Je dois être débile.
Enfin, comme le rappelle ce généraliste breton, beaucoup de twittos mettent aussi en avant la démographie en berne de la spécialité, insuffisante pour prendre en charge les soins non-programmés et effectuer la régulation médicale libérale tel que le préconise le rapport.
2 réflexions sur le rapport du nouvel ami des généralistes :
— Le Druide (@panarmorix) 23 mai 2018
- je peux me tromper mais je vois mal Mme Buzyn appliquer la plupart de ces idées
- on peut tourner le problème dans tous les sens : ON EST PAS ASSEZ NOMBREUX !
Reste à voir quelles propositions seront retenues par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui devra rendre ses arbitrages dans les prochaines sermaines. De leur côté, les syndicats d'urgentistes planchent sur la rédaction d'une feuille de route à lui remettre pour le 1er juillet. Quant aux syndicats de médecins libéraux (CSMF, FMF, MG France, SML), qui estiment avoir leur mot à dire, ils ont d'ores et déjà réclamé un rendez-vous au ministère.
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