Racistes, grossophobes, incompétents… Depuis dimanche, des centaines d’internautes racontent en quelques lignes leurs mésaventures avec un médecin qu'ils jugent maltraitant.
Le hashtag #BalanceTonMedecin est même devenu en quelques heures l’un des plus populaires sur les réseaux sociaux, générant plusieurs milliers de tweets. Face à l’emballement, la ministre de la Santé n'a pas tardé à réagir. Dans un tweet publié lundi soir, Agnès Buzyn dénonce une initiative « inutilement blessante ».
Le dévouement et le professionnalisme des médecins seront toujours au dessus d'un # inutilement blessant. Le respect et la confiance restent le cœur de la relation des professionnels de santé avec leurs patients.
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) November 4, 2019
Médecins, syndicats, personnalités du monde de la santé… Ils sont nombreux à avoir, à leur tour, dénoncé le hashtag malveillant. L’Ordre national des médecins est monté au créneau. « Nous ne céderons pas à un docteur bashing instrumenté par les réseaux sociaux », a twitté son président, le Dr Patrick Bouet.
Aux côtés des médecins qui, chaque jour, voient, écoutent et soignent des centaines de milliers de patients. Nous ne céderons pas à un docteur bashing instrumenté par les réseaux sociaux. #MonMédecinMonSoutien
— bouet patrick (@BouetP) November 4, 2019
L’Ordre a même tenté d’allumer un contre-feu en lançant le hashtag #MonMédecinMonSoutien.
Règlements de compte sur Twitter
Les internautes n'avaient pas attendu pour prendre la défense de la profession. lls sont nombreux à dénoncer une attaque « injuste », « indigne », « une connerie monumentale » et une nouvelle dérive des réseaux sociaux… même s’ils reconnaissent que la profession médicale n’est pas exempte de critiques !
Mais, « si vous avez un problème, ce n’est pas sur Twitter qu’il faut aller », avance un internaute. L’Ordre rappelle que « chaque patient s’estimant discriminé par un médecin peut saisir le Conseil de l’Ordre de son département ».
Au départ, une affaire de racisme médical
Cette campagne trouverait son origine dans un billet de blog de Jaddo, femme médecin, twittos, et auteure d’un livre dans lequel elle raconte son quotidien de généraliste. Dans ce texte initialement publié en 2008, elle décrit le dégoût qu'elle éprouve à l’égard d’une patiente d’origine étrangère, ne maîtrisant pas le français et éprouvant des difficultés à exprimer ses maux.
« J'ai essayé de raconter le déclic de ma prise de conscience de comment là, pour cette patiente-là, j'avais merdé, à cause de biais racistes. […] Je suis profondément désolée d'avoir été violente. Je vous remercie de m'avoir signalé que je l'avais été. Je pense que le sujet doit pourtant être évoqué, souvent, fortement, parce que les faits sont bien réels et graves », a tenté d’expliquer Jaddo, de nouveau interpellée sur le sujet la semaine dernière.
J'ai essayé de raconter le déclic de ma prise de conscience de comment là, pour cette patiente là, j'avais merdé, à cause de biais racistes.
— Jaddo (@Jaddo_fr) November 2, 2019
Ils existent, plein d'études le montrent, on le sait. Mais on pense toujours que c'est les autres et pas soi.
Sans succès. Au contraire, cette tentative d'explication a déclenché une vague d’indignation autour du racisme médical. Un compte Twitter, « Collectif Les descendantes d'Ifri », créé pour l’occasion le dimanche 3 novembre reprenait à son compte le hashtag #BalanceTonMedecin en invitant les patients à dénoncer les comportements racistes des soignants.
Une initiative qui a largement dérivé vers une critique tous azimuts envers la profession. À quand le hashtag, #BalanceTonPompier ou #BalanceTaMaman, ironisent les internautes !
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