ÉVREUX
Dr BLANDINE GALMICHE-ZELLER
IL Y A 40 ANS, étudiants en médecine passionnés, déjà mariés et parents, nous avons décidé, après nos études à Paris, d’exercer en province, afin d’y avoir un cadre de vie plus vaste et aéré, d’y élever nos enfants plus simplement que dans la mégapole parisienne, en nous épanouissant dans notre métier, radiologue à l’hôpital et rhumatologue en ville. C’est un choix que je n’ai à aucune seconde regretté.
À 65 ans, en 2009, je pense donc tirer ma révérence de rhumatologue en ville et suis à la recherche de celui ou celle à qui je vais pouvoir confier ma grosse clientèle. Évreux, dans l’Eure, où j’exerce, est une préfecture à échelle humaine, située à 90 km de Paris, à 50 minutes du Pont de Saint-Cloud, à mi-chemin entre Paris et Paris-Plage.
Pourquoi une telle désertification, aussi bien en médecine hospitalière qu’en exercice libéral ; où généralistes et spécialistes vieillissants partent sans avoir trouvé de successeurs ? Et nous savons que ce phénomène est typiquement français. La raison invoquée est invariablement : « Notre vie privée d’abord ! ». Raison pour laquelle nous avons fait justement le choix contraire. N’avons-nous pas eu de vie privée ? Et la vie privée ne s’épanouit-elle pas, en grande partie, lorsque la vie professionnelle est satisfaisante ?
Qu’il est bon d’habiter en permanence sa résidence secondaire, au milieu d’une campagne reposante à 10 minutes en voiture de son lieu de travail. Et il ne manque pas, le travail ! Nous sommes 1,5 rhumatologue pour 100 000 habitants dans notre département et la clientèle y est nombreuse, fidèle, respectueuse et docile. L’environnement médical réduit permet de se connaître rapidement et de travailler dans une confraternité qui n’a d’autre intérêt que celui de nos patients. La proximité du CHU et des cliniques de Rouen offre un large panel de soins d’excellente qualité.
(...) Alors j’appelle mes jeunes confrères à ne pas se poser trop de questions. Si vous voulez sauvegarder la médecine libérale, il faut s’installer. Que deviendra celle-ci lorsque tous les médecins que vous préférez remplacer seront tous partis ? La clientèle est là et vous attend, la salle d’attente sera garnie dès le premier jour.
Si notre façon de travailler ne vous convient pas, inventez-en une autre, ce que notre génération a fait en instituant la médecine de groupe. S’il y a trop de travail pour un, venez à plusieurs ! Plus tôt vous commencerez votre carrière, plus vous prendrez goût à apporter vos soins à l’ensemble de la population de notre beau pays, dont la médecine est encore jalousée par tant d’autres. (...) Avec toute la passion qui m’anime comme au premier jour, je vous dis : « Allez-y, foncez, soyez créatifs..., venez ». La récompense ne peut venir que de l’effort vaincu. J’attends mon successeur de pied ferme.
Courriel : bgz1@aliceadsl.fr.
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre