À l’hôpital, le climat, relativement apaisé ces derniers mois, pourrait s’assombrir à nouveau.
Plusieurs sujets de friction sont susceptibles de constituer un cocktail explosif dans les prochaines semaines avec la question de l’attractivité, la réforme des 35 heures à l’hôpital, mais aussi l’examen du projet de loi de santé (qui prévoit la création des groupements hospitaliers de territoire à adhésion obligatoire) et le budget de la Sécu qui pourrait accélérer le virage ambulatoire. Autant de dossiers que la Fédération hospitalière de France (FHF) va surveiller comme le lait sur le feu.
Le dossier de l’attractivité à l’hôpital est le plus sensible. Avenir Hospitalier et la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH) ont adressé un ultimatum aux pouvoirs publics en début de semaine. Ils lanceront un « mouvement fort début octobre » si les carrières médicales et pharmaceutiques ne sont pas rendues rapidement plus attrayantes à l’hôpital public. « Nous envisageons sérieusement un mouvement unitaire dont la forme n’est pas définie, rien n’est exclu à ce stade », confie le Dr Jacques Trévidic, président de la CPH.
Les deux syndicats déplorent que le rapport remis le 20 juillet au gouvernement sur ce sujet par l’ancien sénateur socialiste Jacky Le Menn, n’ait pas été rendu public.
La concertation va reprendre avec la profession. Les intersyndicales de PH seront reçues au ministère de la Santé fin septembre pour aborder les suites données au rapport Le Menn. Revalorisation de la rémunération à l’entrée dans la carrière hospitalière, couverture sociale, accès au secteur II...: les doléances syndicales ne manquent pas. Le respect du temps de travail hebdomadaire (48 heures par semaine maximum) figure également parmi les priorités.
Temps perdu
L’impatience gagne l’ensemble de la profession. L’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), qui fera son colloque de rentrée le 16 septembre à Paris, réclame une accélération du rythme des réformes. « Nous demandons que les actes suivent les paroles, nous avons perdu beaucoup de temps sur le service public hospitalier, l’attractivité des carrières, la réorganisation hospitalière médicale et pas seulement managériale », clame sa présidente, le Dr Rachel Bocher, qui n’exclut pas dans les prochaines semaines un « mouvement de mauvaise humeur » du secteur.
La réforme des 35 heures à l’hôpital est un autre dossier où le feu couve toujours. Après avoir capoté en juillet, les discussions doivent reprendre cet automne entre la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et les syndicats sur la réorganisation du travail. Ce sujet a déjà pris une dimension nationale. François Fillon, candidat à la primaire à droite, a affirmé qu’il souhaitait revenir aux 39 heures dans la fonction publique. Les 35 heures ont eu « des conséquences dramatiques » sur le fonctionnement des établissements et sur les finances de l’État a affirmé l’ancien Premier ministre.
L’hôpital attend enfin les arbitrages sur la réforme des urgences. Le récent rapport de Jean-Yves Grall préconise une prise en charge graduée des urgences à l’échelle des territoires et une possible transformation de certains services à faible activité en centres de soins non programmés. Le ministère a affirmé qu’aucun service d’urgence n’était menacé de fermeture (lire aussi page 4). Mais la profession est sur le qui-vive.
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique
« Cela correspond totalement à mes valeurs », témoigne la Dr Boizard, volontaire de Médecins solidaires
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne