« J’en ai assez ! Ce que je veux aujourd’hui, c’est travailler dans la tranquillité et m’occuper de ma patientèle. » Le Dr Ionel-Arinel Alexa veut définitivement tourner la page et oublier la polémique dont il est la cible depuis le mois de mai. Installé depuis février 2023 à Saint-Christol (Vaucluse), le généraliste a été mis en cause dans un reportage de la télévision suisse romande (RTS) qui lui reproche d’avoir, à la fin du mois d’août 2022, « déserté ses patients du jour au lendemain au Locle », commune du canton de Neuchâtel où le Dr Alexa s’était installé huit ans plus tôt, en 2014.
« Quelque 300 patients et patientes se sont retrouvés sans médecin, disparu dans la nature », écrit le média dans un article publié en ligne. Suite à ce départ précipité, le médecin s'est vu retiré son autorisation d'exercer par le Service cantonal de la santé publique. Le praticien est également accusé de fausses facturations à l’Assurance-maladie suisse.
Le média s’étonne surtout de retrouver la trace du généraliste en France, dans un pôle médical de Saint-Christol, quelques mois seulement après sa « disparition » du Locle et malgré les accusations qui pèsent sur lui. Il souligne également qu’il a « déjà fait le même coup en France, en 2014, abandonnant son cabinet de Roanne et sa patientèle ».
Aucun reproche sur le plan médical
Contacté par « Le Quotidien », le Dr Alexa se défend point par point. « J’ai passé huit ans en Suisse, je n’ai eu aucun problème sur le plan médical et personne n’a jamais rien eu à me reprocher. J’ai toujours eu une bonne réputation. » Il reconnaît avoir eu des ennuis « purement administratifs ».
S’il a dû quitter la Suisse, c'est pour des raisons financières, dit-il. « Depuis une année, la situation s’est dégradée. D’une trentaine de consultations par jour, je suis passé à trois ou quatre. Mes dettes se sont accumulées », avait-il confié à nos confrères suisses d'ArcInfo, peu après avoir quitté le Locle, en août 2022. Quant à son départ de Roanne, il s’agissait d’une « opportunité ». « Tout le monde a droit de chercher une meilleure vie », se justifie le Dr Alexa.
Le Conseil départemental de l’Ordre des médecins du Vaucluse, qui lui a donné l’autorisation d’exercer, lui accorde toute sa confiance. « Nous avons été en contact avec lui lors de son arrivée. On savait qu’il avait reçu deux blâmes. Il nous a fait parvenir des documents, il s’agit d’affaires administratives pour lesquelles sa bonne foi ne nous semblait pas en cause », explique au « Quotidien » le Dr Bernard Arbomont, président du CDOM du Vaucluse. « Il n’avait pas signé dans la bonne case et on lui reproche de ne pas avoir payé une cotisation. Il y avait aussi une plainte d’un patient qui a été débouté », résume l’ordinal.
Des soucis financiers
Autrement dit, « il n’y avait aucune raison déontologique » de ne pas donner un feu vert à ce candidat à l’installation dans un village qui manquait cruellement d’un généraliste. Son départ précipité du Locle ? « Il nous a dit qu’il avait des soucis financiers. Mais je reconnais que c’est un peu cavalier », concède le Dr Arbomont qui affirme « garder un œil » sur l’évolution de la situation.
Jusque-là, tout se passe bien à Saint-Christol. « J’ai été très bien accueilli par la mairie, les patients sont très gentils, se réjouit le Dr Alexa. Je veux m’installer dans la durée. Je suis là pour soigner les gens. La médecine, c’est une vocation pour moi. Je travaille du lundi au samedi, 12 heures par jour, je fais des visites à domicile… »
Affaire close ? Pas sûr. Dans son reportage, la RTS laissait entendre que la Société neuchâteloise de médecine était susceptible de transmettre au Conseil de l’Ordre les sanctions prononcées contre le Dr Alexa. À ce jour, le CDOM dit n’avoir rien reçu de ses homologues suisses.
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