La Fédération hospitalière de France (FHF) publie ce mercredi son second observatoire annuel de l’égalité d’accès aux soins*. Revue de détails des points les plus saillants de cette vaste enquête.
Déserts médicaux : un Français sur cinq renonce aux soins en raison de l’éloignement
L’étude de la FHF souligne qu’un Français sur cinq a déjà renoncé aux soins en raison de l’éloignement géographique. 69 % d’entre eux avouent même avoir eu des difficultés à trouver un professionnel de santé disponible « dans un délai acceptable dans leur zone ». 65 % considèrent qu’il n’y a pas assez d’hôpitaux.
Des mesures coercitives sur l’installation des médecins sont-elles nécessaires pour lutter contre la désertification ? Sept Français sur dix estiment qu’il faut s’assurer d’une répartition équitable des médecins sur le territoire, « quitte à leur imposer leur lieu d’exercice ». À l’inverse, 29 % pensent que les médecins doivent conserver leur liberté d’exercice, « même si cela doit entraîner leur inégale répartition sur le territoire ».
Le remboursement par la Sécu sanctuarisé, les mutuelles boudées
Les sondés pointent également des inégalités d’accès aux soins d’ordre financier. Un Français sur deux a déjà renoncé à consulter, se soigner ou à réaliser des examens en raison du coût. 46 % considèrent que « le coût mensuel de leur mutuelle n’est pas acceptable, compte tenu du niveau de remboursement dont ils pourraient bénéficier ».
De fait, trois Français sur quatre rejettent toute réforme immédiate qui consisterait à augmenter le niveau des cotisations aux mutuelles. Dans la même veine, 74 % estiment ni souhaitable ni indispensable de diminuer les niveaux de remboursement de la Sécu.
Regard inquiet sur l’hôpital de demain
89 % des Français ont « tout à fait » ou « plutôt » le sentiment que l’hôpital est en danger. Leur inquiétude porte sur le manque de personnels (cité par 70 % d’entre eux) et les exigences de rentabilité économique (58 %). Un Français sur deux estime même qu’il n’est plus possible de faire davantage d’économies sans nuire à la qualité des soins. Leur crainte porte aussi sur la fermeture à venir des services hospitaliers (31 %).
Cependant, la question de l’attractivité et du « manque d’envie » des médecins à exercer à l’hôpital n’est citée que par 13 % d’entre eux.
Ce ressenti n’empêche pas une opinion très positive des Français sur l’hôpital d’aujourd’hui. Huit sur dix ont une bonne image de l’hôpital (84 %) et des cliniques (83 %). Seulement 10 % ont songé à aller se faire soigner à l’étranger, indique le sondage. 91 % jugent ainsi que les hôpitaux offrent des soins de qualité.
La chirurgie ambulatoire divise encore
Une majorité de Français (58 %) se dit favorable au recours à l’hospitalisation à domicile (HAD) « chaque fois que cela est possible ». Le recours à la chirurgie ambulatoire de façon plus systématique n’est en revanche plébiscité que par 44 % d’entre eux.
Sur les questions d’actualité, près de la moitié des sondés (48%) des sondés jugent que la suppression des 35 heures à l’hôpital public n’est ni souhaitable, ni indispensable à l’ hôpital public.
Près d’un sondé sur deux également (48 %) s’oppose à l’allongement de l’âge de départ en retraite à l’hôpital public, notamment prévu pour les médecins dans le projet de loi de santé.
Mieux réguler l’accès aux urgences
Interrogés sur leur première réaction face à un « problème bénin », huit Français sur dix prennent rendez-vous avec leur médecin généraliste. Mais si ce dernier est absent, 48 % préfèrent se rendre à l’hôpital ou aux urgences et 24 % appellent carrément le SAMU.
À noter que face au risque d’engorgement des urgences, 57 % des Français jugent « souhaitable et indispensable » l’instauration d’un paiement « minimum » pour une visite aux urgences si le problème de santé peut être traité par un médecin généraliste. Autre signe de cette prise de conscience de la saturation des urgences hospitalières, 56 % des Français jugent souhaitable et indispensable de rendre obligatoire la consultation chez un généraliste avant un passage aux urgences « en cas de léger problème de santé ».
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