Six ans et cinq mois. Au terme d'une interminable attente, l'acte de base est augmenté de deux euros, ce 1er mai, pour les généralistes et MEP à tarifs opposables (94 % des médecins de famille). La consultation de référence (235 millions d'actes) est portée à 25 euros, cap très symbolique. Elle sert de socle à la nouvelle grille tarifaire à 4 niveaux (25, 30, 46 et 60 euros), attendue au 1er novembre 2017.
Cette revalorisation de l'acte de base marque l'épilogue d'une bataille syndicale et tarifaire (voir notre diaporama), même si les généralistes ont bénéficié parallèlement de majorations ciblées ou de coups de pouce forfaitaires (consultations des personnes âgées, forfait médecin traitant annuel de 5 euros pour les patients hors ALD). La rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) apporte depuis 2013 un complément de revenu non négligeable – 7 000 euros en moyenne au titre de 2016.
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Le C2 ne bouge pas…
Mais la profession vivait comme une injustice le blocage de la consultation à 23 euros, tarif obtenu de haute lutte sous le mandat de Nicolas Sarkozy, en janvier 2011. « Il nous aura fallu dix ans pour corriger la différence de deux euros entre généralistes et spécialistes instaurée avec la MPC », clame le Dr Claude Leicher, président de MG France, un des fers de lance de ce combat pour l'équité tarifaire.
Les syndicats se refusent à tout enthousiasme excessif. « Ces euros supplémentaires ne soldent pas les comptes », résume le patron de MG France. De son côté, la CSMF minimise ce « léger rattrapage » qui ne s'adresse « qu’à une petite partie des médecins libéraux du pays (environ 40 %) ».
De fait, contrairement aux revalorisations habituelles de la lettre clé C, l'augmentation a été acquise à la faveur d'une majoration MMG de deux euros réservée aux seuls généralistes (aux tarifs opposables et maîtrisés) et n'aura donc pas de répercussion directe sur les tarifs associés des autres spécialistes. Ainsi le C2 (avis de consultant) sera relevé à 48 euros en octobre 2017 puis à 50 euros… en juin 2018. L'UMESPE, branche spécialiste de la CSMF, déplore « l'exclusion des spécialistes » et fait valoir que « le CS n'a pas bougé depuis juin 2006 ».
« Deux euros ne résoudront pas la crise profonde que traverse la médecine libérale, insiste le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération. Seul un véritable soutien financier et organisationnel pourra encourager les jeunes médecins à s’installer en libéral. » Le nouveau G à 25 euros est vu comme un « symbole » par le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF : « On est loin du compte et de la moyenne européenne de 40 euros… ». Le SML enfin est particulièrement critique. « Il ne faut pas être dupe de ce camouflage de l’insuffisant investissement sur la valeur de l’acte de base ».
« Augmenter le prix de la consultation est une avancée insuffisante, explique encore le Dr Sophie Augros, présidente du regroupement autonome des jeunes généralistes installés et remplaçants (REAGJIR). Il s’agit d’une première étape nécessaire à la diversification de la rémunération, qui doit être étendue et représentative de l’activité. »
Cette hausse sera « à effet nul ou quasi nul sur les 95 % des assurés qui disposent d'une complémentaire santé », souligne la CNAM. Sur 25 euros, 16,50 euros seront pris en charge par l’assurance-maladie et 7,50 euros par la mutuelle, un euro de franchise restant de la poche du patient.
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