Les syndicats de biologistes s'y déclarent « unanimement et fermement attachés au principe de la conclusion d'un accord triennal sur l'évolution des dépenses de biologie médicale ». En clair, pas question de subir des décotes unilatérales, comme par le passé. Ces protocoles ne sont pas « la solution idéale » mais représentent le « moins mauvais compromis » entre la rémunération du service rendu par les biologistes médicaux et la soutenabilité des coûts du secteur.

Mauvaise considération

Pour autant, les syndicats se déclarent surpris de la façon dont les biologistes sont « traités et mal considérés », « réduits à leur excédent brut d'exploitation (EBE) ».

Surtout, la profession estime que son enveloppe « ne peut plus supporter de baisses tarifaires » et doit au contraire être indexée à l'inflation et l'Ondam (objectif national de dépenses maladie). Selon les calculs des syndicats, la valeur moyenne des actes a baissé de 30 % en dix ans, et l'enveloppe de la biologie de routine (hors Covid) a subi « 740 millions d'euros de baisse sur le montant remboursé » depuis 2014. L'impact cumulé des baisses depuis neuf ans serait de quatre milliards d'euros sur le remboursé.

Et si les biologistes concèdent que les bénéfices des laboratoires pendant la crise sanitaire ont été « importants », ils ne doivent pas « guider la régulation prix/volume » réclamée par la Cnam. « Ces performances ne correspondent pas à un enrichissement indu (...), elles ont été rendues possibles grâce à une mobilisation nuit et jour de nos biologistes médicaux et leur personnel, de nos plateaux techniques, à un accroissement de notre masse salariale et de nos investissements », précisent les représentants de la biologie. Ils se disent prêts à participer « à l'effort de guerre demandé » et à travailler avec la Cnam, notamment sur « le développement de tests innovants ».

« Pistolet sur la tempe »

Si le ton de ce courrier, daté du 20 septembre, demeure cordial, les positions des biologistes se durcissent. Invité sur France 2 ce mardi, le président du Syndicat des biologistes (SDB), François Blanchecotte, a qualifié ce train d'économies de « désagréable ». Pendant le Covid, « on a servi la santé publique, protégé la santé des Français, on n'a rien demandé », avance François Blanchecotte. Selon le leader syndical, la profession est « mal à l'aise et ne comprend pas », et a le sentiment d'avoir « le pistolet sur la tempe ». « À un moment, on nous dit qu'il faut faire des tests, on achète des machines, on les pratique et on est prêt à redonner sur ces tests Covid, mais on nous a dit non. Les baisses de tarifs qu'on demandait ont été refusées », souligne le patron du SDB, qui met en garde contre des fermetures de sites de prélèvement.

Dans un courrier à ses adhérents, le syndicat Les Biologistes médicaux prévient de son côté qu'il ne laissera pas « ce diktat s'imposer à la profession ». « Nous n'accepterons pas d'être pointés du doigt en profiteurs de guerre alors que nous avons subi toutes les injonctions ministérielles durant la crise, sur les tarifs ainsi que sur la politique du volume et du "quoi qu'il en coûte" », attaque la structure du Dr Lionel Barrand. « Nos tutelles devraient être fières de ce travail, et non réagir en humiliant l'ensemble de la profession. (...) Nous entrons dans une phase musclée, où l'ensemble de la profession est unie », poursuit-il, avant de préparer ses troupes « à agir dans les territoires ».

* Le Syndicat des biologistes (SDB), les Biologistes médicaux, le Syndicat des laboratoires de biologie clinique (SLBC) et le Syndicat national des biologistes médicaux (SNMB)