Grève reconductible à partir d'aujourd'hui

Le coup de sang des laboratoires privés de biologie médicale 

Par
Publié le 23/09/2019
Article réservé aux abonnés
Les biologistes médicaux libéraux sont appelés à la grève à partir d'aujourd'hui, tous les après-midi. Après dix ans de restructuration, ils protestent contre le plan massif d'économies réclamé pour 2020. 
Après dix ans de restructuration, les économies exigées pour 2020 (170 millions d'euros) ne passent pas

Après dix ans de restructuration, les économies exigées pour 2020 (170 millions d'euros) ne passent pas
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Aujourd'hui, à partir de 13 heures, les laboratoires privés de biologie médicale laisseront porte close et les urgences biologiques ne seront plus assurées (renvoyées vers l'hôpital). Les biologistes suspendent toutes les procédures d'alimentation du DMP. En parallèle, ils demandent au Cofrac, chargé d'accréditer les laboratoires, de geler tous les audits prévus. Une pétition visant à refuser la fermeture des labos de proximité a recueilli près de 20 000 signatures.  

En pratique, les quatre syndicats représentatifs de la profession (SDB, SNMB, SJBM et SLBC*) appellent à un arrêt d'activité tous les après-midi, au moins jusqu'au 1er octobre, la grève étant reconductible. Ils refusent les 170 millions d'euros d'économies réclamées par la CNAM pour 2020 (contre 95 millions d'euros en 2019).

Un milliard en dix ans

Dans son rapport « charges et produits » paru en juin 2019, préparatoire au budget de la Sécurité sociale, la CNAM avait justifié la nécessité d'économies supplémentaires notamment par la forte reprise des prescriptions de dosage (+6 % de janvier à mai 2019). Mais cet effort de 170 millions d'euros (sur une enveloppe remboursée de 3,7 milliards), à la faveur du nouveau protocole de régulation, est vécu comme une agression.

Pour les biologistes, cette « ponction » représentera une baisse de 4,8 % de l'enveloppe totale « impactant directement le chiffre d'affaires » des 452 sociétés d'exercice libéral (SEL). Environ 200 d'entre elles seraient « en danger d'existence », calculent les représentants du secteur qui affirment être arrivés au bout de la rationalisation de leur activité et des gains possibles de productivité.

Échaudés et « à l'unisson », les représentants des biologistes libéraux réclament « une hausse de l'enveloppe de biologie » équivalente à celle de l'évolution des dépenses maladie (2,3 %). « En 10 ans, nous avons subi un milliard d'euros de baisses tarifaires, évalue Étienne Couëlle, vice-président de l'Association pour le progrès de la biologie médicale (ABPM). Qui peut en dire autant dans le secteur de la santé en France ou même à l'étranger ? » 

Besoins croissants 

Diagnostics mais aussi thérapies ciblées et permanence des soins : les biologistes réclament les moyens de maintenir la même offre et qualité permettant d'assurer le suivi médical de 500 000 patients quotidiens. « La recherche de rhésus fœtal dans le sang maternel et le dépistage prénatal non invasif de la trisomie 21 sont entrés dans la liste des actes remboursés. Bientôt, ce sera le cas des actes liés à l'extension de la PMA. Hélas, notre enveloppe est déconnectée de tout réalisme médico-économique, de l'accroissement des examens et des innovations thérapeutiques », déplore le Dr Jean-Claude Azoulay, vice-président du SNMB.

Les syndicats espèrent que le mouvement de grève sera suivi massivement par les laboratoires, les médecins et leurs salariés, répartis sur quelque 4 000 sites. En fonction du résultat de la prochaine réunion avec la CNAM, mardi 1er octobre, la grève pourrait être reconduite. « C'est un mouvement lame de fond de la profession, veut croire François Blanchecotte, président du SDB. C'est la proximité avec les Français qui risque de disparaître »

* Syndicat des biologistes (SDB), Syndicat national des médecins biologistes (SNMB), Syndicat des jeunes médecins biologistes (SJBM) et Syndicat des laboratoires de biologie clinique (SLBC). 

Marie Foult
En complément

Source : Le Quotidien du médecin