Portée par « la bonne tenue de l'emploi » et des salaires, la Sécurité sociale va réduire son déficit à moins de 17 milliards d'euros cette année, soit 3,6 milliards de moins que prévu, malgré les nouvelles dépenses prévues pour le Covid et le pouvoir d'achat.
La croissance ralentit, l'inflation galope, mais la Sécu se redresse. Au lieu des 20,4 milliards inscrits dans le budget voté en décembre, le déficit est en effet attendu à 16,8 milliards en 2022, selon un rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale consulté lundi par l'AFP.
Une amélioration liée à la reprise vigoureuse de l'emploi en 2021, qui s'est prolongée au premier semestre, mais aussi à la flambée des prix, qui pousse les salaires à la hausse. Résultat : le surplus attendu de taxes et de cotisations (15,6 milliards) va plus que compenser les nouvelles dépenses (12 milliards) prévues pour le Covid, la revalorisation du point d'indice des fonctionnaires, mais aussi la hausse de 4 % des retraites et des prestations sociales inscrite dans le projet de loi sur le pouvoir d'achat, précise la Commission des comptes.
19,7 milliards de déficit pour la branche maladie
Sous réserve de nouveaux rebondissements dans un « contexte incertain » — tant sur le plan sanitaire que géopolitique — la moitié du record abyssal enregistré en 2020 (-38,7 milliards) pourrait avoir été effacée en deux ans. La Sécu n'en demeure pas moins lourdement déficitaire, essentiellement à cause de sa branche maladie (-19,7 milliards), qui va de nouveau payer une facture plus lourde que prévu pour le Covid.
Entre les tests, les vaccins et les arrêts de travail, l'addition a plus que doublé en six mois, de 4,9 à 10,6 milliards. Entre-temps, le pays a connu une cinquième vague épidémique en janvier, une sixième en mars-avril et une septième en cours depuis juin. À côté de ces « dépenses exceptionnelles », la hausse de 3,5 % au 1er juillet du point d'indice coûtera 1,5 milliard sur six mois pour la fonction publique hospitalière. Des hausses de salaires pérennes qui s'ajoutent aux près de 10 milliards du Ségur de la santé.
Branches excédentaires
Les autres branches se portent mieux. En particulier la branche retraite, qui va se rapprocher de l'équilibre (-1,2 milliard), en dépit de la hausse des pensions promises par le gouvernement. Une prouesse liée à la « baisse attendue du nombre de chômeurs », qui permettra au Fonds de solidarité vieillesse (FSV, qui finance le minimum vieillesse) d'afficher son premier excédent depuis la crise financière de 2008. De quoi donner du grain à moudre aux syndicats, unanimement opposés au report de l'âge légal — de 62 à 64, voire 65 ans — souhaité par Emmanuel Macron.
Les partenaires sociaux lorgneront aussi les bénéfices de la branche accidents du travail (1,8 milliard), alors que syndicats et patronat viennent d'ouvrir une négociation pour « utiliser au mieux » ce pactole, habituellement utilisé pour renflouer l'Assurance-maladie.
La branche famille conforterait elle aussi son excédent (3,1 milliards), offrant des marges de manœuvre à l'exécutif comme aux oppositions dans l'âpre débat sur le projet de loi sur le pouvoir d'achat programmé la semaine prochaine à l'Assemblée nationale.
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