C'est une nouvelle poussée de fièvre libérale contre le système universel.
Ce lundi, pas moins de cinq syndicats de praticiens libéraux (la FMF, l'UFML, Le BLOC, le SML et le nouveau venu Avenir Spé) appellent la profession à manifester contre le système universel. Rassemblant des libéraux de la santé – médecins, paramédicaux – mais aussi du droit et du chiffre, un cortège devrait s'élancer à 14H à Paris, place de la Bastille sous la bannière unitaire du collectif « SOS Retraites », mobilisé depuis plusieurs mois.
Les retraités actifs aussi
L'UFML-Syndicat a battu le rappel sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, plusieurs dizaines de vidéos de soignants, reprenant le mot d'ordre #devissetaplaque, ont dénoncé l'« étatisation » de la retraite, le « coup de grâce » pour l'exercice libéral, le « hold-up » ou « la mainmise de l'État sur les régimes autonomes » – qui ne sont pas des régimes spéciaux. Une priorité : garder le contrôle du pilotage financier des retraites et empêcher la « paupérisation » programmée.
Autre membre actif du collectif, la FMF exhorte les médecins à « lever le pied » ce lundi 3 février « en refusant l'administratif, les nouveaux patients » ou « en adressant aux urgences dès que possible ». Et pour les retraités actifs, le Dr Jean-Paul Hamon, président du syndicat, souhaite un mouvement « illimité ».
Mauvais comptes
Jeudi dernier, le SML s'est associé à cette journée de colère. La centrale du Dr Philippe Vermesch, qui a lu « minutieusement » le projet de loi, juge que le compte n'y est pas. Car malgré les promesses « orales » du secrétaire d'État aux retraites (délégation de gestion à la CARMF, fléchage des réserves, étage supplémentaire), le syndicat est « dans le doute complet ». Quant aux simulations du ministère sur les pensions des médecins, elles sont jugées insincères. « Entre les chiffres de la CARMF et ceux du gouvernement, il y a un fossé. Notre caisse prévoit jusqu'à 30 % de baisse, il faut clarifier cela », s'agace le stomatologue.
De fait, le patron de la CARMF réaffirme aujourd'hui dans nos colonnes que cette caisse autonome sera « décapitée » à court terme, privée à la fois de ses sept milliards d'euros de réserves et de sa gouvernance historique (lire ci-dessous).
Mise en musique
Quoi qu'il en soit, ce dossier technique et politique a fait voler en éclats l'unité espérée. En septembre, les cinq syndicats représentatifs libéraux avaient défendu une position commune : respect des droits acquis à l'euro près, préservation du rapport cotisations/prestations, sauvegarde des réserves, respect du contrat conventionnel, cumul emploi retraite générateur de points et survie de la CARMF.
« Aujourd'hui, les projections permettent de remplir ces objectifs », se félicite le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Saluant le « lobbying » de sa centrale, le néphrologue estime avoir sauvé l'essentiel : CARMF, réserves, régime complémentaire, ASV. Sans compter des droits pour les retraités actifs ! « Mais je ne crie pas victoire. Il nous reste à mettre en musique. Il faut être vigilant ».
MG France enfin rappelle que son syndicat n'est pas opposé par principe à la réforme mais réclame « des garanties » sur le niveau cotisations/pensions et la gouvernance. Quant à un régime supplémentaire éventuel, « c'est à la profession de le négocier. Si c'est par répartition, il doit être accessible à tous », avance le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. Le syndicat n'appelle pas à manifester dans l'immédiat mais demande aux généralistes « de se tenir prêts ».
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