Malgré l'annonce par le Premier ministre, le 12 mars dernier, d'une remise de 15 centimes par litre d'essence jusqu'au 1er juillet, les professionnels de santé de ville ne cachent pas leurs inquiétudes. Côté médecins libéraux, le Dr Luc Duquesnel, président de la branche généraliste de la CSMF, joint par « le Quotidien » appelle le gouvernement à agir vite en doublant « le tarif des indemnités kilométriques » dans le cadre d'un plan d'urgence. Actuellement, ce tarif est de 0,61 euro en plaine et de 0,91 euro en montagne. « Cela pourrait se faire par décret, dit-il. Mais ensuite, il faudra aussi négocier dans le cadre conventionnel une revalorisation de la majoration de déplacement ». Cette dernière s'élève actuellement à 10 euros.
MG France réclame également une hausse des indemnités kilométriques (IK) pour les visites à domicile car ces tarifs n'ont pas été « revalorisés depuis le siècle dernier, en 1995 ». « Que dirait-on si les médecins généralistes faisaient leurs visites dans un véhicule aussi ancien que la dernière revalorisation des IK ? », ironise le syndicat de généralistes sur son site.
Problème plus profond
Du côté de SOS médecins, la Fédération dit ne pas vouloir réagir sur les coûts de carburant. « Le problème de la visite à domicile est bien plus profond que simplement du déplacement en charges », explique son président le Dr Jean Christophe Masseron. Exclue de l'avenant 9 prévoyant une revalorisation des visites à domicile, cette organisation professionnelle avait décidé en octobre dernier d'un arrêt total de leur activité (visites à domicile, consultations, centre de régulation, téléconsultations), dénonçant « la fin programmée de la visite à domicile ».
En fait, l'association revendique de longue date la revalorisation de la visite à domicile, sous la forme prioritairement d'une hausse de la majoration de déplacement (MD) dans la journée à hauteur de 20 euros au lieu de 10 euros actuellement. Ce tarif est bloqué depuis une quinzaine d'années.
En première ligne également, les infirmiers libéraux représentés par la Fédération nationale des infirmiers (FNI) veulent, de leur côté, que la profession puisse bénéficier « des mêmes mesures que les professionnels de la route, transporteurs et taxis ». Il s'agirait d'étendre « durablement le bénéfice du remboursement de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) ». « Ce dispositif permettrait de résoudre durablement le problème », dit-elle.
Gel des tarifs
Du côté enfin des prestataires de santé à domicile, la situation est « alarmante », selon la Fédération représentant les entreprises de ce secteur (FPSAD). Elle rappelle que cette hausse du prix de l'essence « couplée à l’augmentation des coûts de transports et de logistique, des dispositifs médicaux et des salaires des collaborateurs, a fait considérablement croître les charges des entreprises ». L'organisation professionnelle a estimé la hausse de ces charges à « 150 millions d’euros sur l’année 2022 dont près de 30 millions d’euros liés à la seule augmentation des prix des carburants ».
Or elles ne peuvent pas répercuter la hausse de leurs charges, en raison de « la fixation de prix limites de vente » pour toutes les activités. « Notre secteur ne pourra faire face à cette situation, après déjà plus de 800 millions d’euros de baisses tarifaires subies par les PSAD en 10 ans », indique la Fédération, qui demande « le gel de tous les projets de baisses tarifaires ainsi que la revalorisation de certains tarifs compte tenu de l’inflation ». Elle réclame aussi « le déploiement d’un dispositif d’aide dans le cadre du plan de résilience » du gouvernement.
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